Georges Tonnar est le dernier capitaine du Fola à être entré sur la pelouse du Barthel pour y disputer une finale. C’était il y a… 44 ans. Il se souvient surtout de la fête qui avait suivi la défaite…
Il est franc, Georges Tonnar. En 1973, la dernière fois que le Fola a foulé la pelouse du stade Josy-Barthel pour une finale de Coupe de Luxembourg, il ne se «posait pas du tout la question» de savoir combien de temps cela prendrait avant de revoir le club doyen en position de soulever le trophée. Sûrement pas 44 ans, de toute façon. En même temps, si on lui avait demandé, à l’âge de 8 ans, le jour où il a vu de ses yeux (mais ne «s’en souvient plus du tout») le dernier succès du Fola en Coupe (1954) s’il estimait pouvoir être le prochain capitaine des Folamen à pénétrer sur ce terrain, il n’aurait sûrement même pas compris la question…
Et voilà qu’en cette fin de semaine, tous les médias du pays se retrouvent à l’appeler, lui, pour parler de cette défaite contre la Jeunesse, 3-2, aux prolongations, qui avait permis à la Vieille Dame de faire le doublé cette année-là, devant 4 460 spectateurs. Et on découvre à quel point les souvenirs peuvent être sélectifs.
«On avait éliminé l’Aris en demie et c’était bien parce qu’eux nous avaient éliminés en demi-finales la saison d’avant, à la dernière minute», sourit Georges. Mais le match contre la Jeunesse? «Je ne me souviens pas de grand-chose. Si, qu’on avait ouvert le score et raté quelques occasions de doubler la mise.» Rien donc sur la sortie du buteur maison, Bert Heger, dès la 12e minute? «Ah non, je ne m’en rappelais pas.» Rien non plus sur le triplé de Jean-Pierre Hoffmann pour la Jeunesse? «Ah oui, peut-être. Mais ça, c’était un vrai avant-centre, un opportuniste du type de Gerd Muller. Il ne courait pas beaucoup, mais il était toujours là.»
Et la finale du Mondial-1966…
Pour faire court, dans l’esprit du dernier capitaine du club doyen à avoir disputé une finale de Coupe, il y a l’avant (la revanche sur l’Aris) et l’après (la qualification en Coupe des Coupes contre Beroe Stara Zagora, puisque la Jeunesse avait été championne ce «qui nous avait permis d’être arbitré, en Bulgarie, par le Russe qui avait invalidé le but allemand contre l’Angleterre en finale de la Coupe du monde 1966»), mais pas le pendant. Il faut dire que c’était quand même une défaite.
«Mais il y avait cependant un point positif, rigole Tonnar. C’est que la coupe qu’on nous avait donnée était une copie de celle que la Jeunesse recevait, mais en plus petit. Alors quand on buvait du champagne dedans, il restait frais plus longtemps!» La fête a duré jusqu’à 7 h du matin. Au siège social du club, en face du Tageblatt, puis au Pourquoi pas?, le bar-brasserie du cuistot Toni Tintinger, grand fan du Fola. «Mais dimanche, je ne serais pas contre le fait de boire le champagne dans la vraie coupe, cette fois.» C’est sûr qu’après 44 ans d’attente, un peu de champagne, même tiède, ça ferait largement l’affaire du côté du Galgenberg…
Julien Mollereau