Avant ce deuxième round entre Differdange et Dudelange, samedi à 18h, Dino Toppmöller se veut réaliste tout en mettant la pression sur son adversaire.
Moralement, comment s’est passée cette semaine à Dudelange ?
Dino Toppmöller : Tout le monde a été un peu choqué dimanche avec cette défaite à la dernière seconde. Mais dès lundi, nous avons commencé à relever la tête. J’ai parlé avec certains joueurs. Du match, de notre situation… Mais pour le reste, on a travaillé comme on le fait d’habitude. Et il me semble que dès mercredi mes joueurs sont passés à autre chose. Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre.
Mais vous avez en tout cas perdu l’avantage que vous possédiez…
On doit gagner nos cinq derniers matches de championnat. Après, ce qui a changé, c’est que Differdange a davantage de pression sur les épaules. Cette équipe a désormais quelque chose à perdre. En début de saison, tout le monde se demandait qui de Dudelange ou du Fola allait être champion. Le FCD03 pointait, lui, juste derrière, malgré une très bonne équipe qui a montré qu’elle possédait le niveau suffisant pour lutter pour le titre. Ses résultats ne sont donc en rien, à mes yeux, une surprise. Mais ce qui a aujourd’hui évolué, c’est qu’une deuxième place, qui n’aurait pas été considérée dans l’absolu au Parc des Sports comme une contre-performance, pourrait désormais le devenir. Et cela peut trotter dans les têtes…
Avec le recul, avez-vous l’impression d’avoir commis des fautes ?
Non. J’ai aligné la même équipe que lors des rencontres précédentes. Car on joue en fonction de nos qualités, pas de l’adversaire. Et normalement, cette rencontre aurait dû se terminer sur un match nul. Je dirais même que nous avons été la moins mauvaise équipe… d’un mauvais match. Mais parfois, en foot, il en est ainsi… Ce ne sont pas les entraîneurs qui décident. Ce sont les joueurs. Et ça peut se jouer sur des petits détails, des erreurs. Comme le fait de laisser Hamzaoui centrer à la 94 e minute ou le cafouillage qui a suivi… Ce fut très tactique, avec des défenses qui ont pris le pas sur les attaques.
Vous auriez pu, par exemple, insister un peu plus sur le flanc d’un Mathias Jänisch qui n’avait plus joué depuis plus d’un mois. En évoluant avec un élément plus percutant qu’un Dominik Stolz qui rentrait souvent dans le jeu…
Mais je le remplace par qui ? Je me suis posé la question et je ne vois pas qui peut évoluer à ce poste. Benzouien est blessé, N’Diaye revient dans le coup, mais a été blessé trois mois et Quercia a besoin de deux jours de repos lorsqu’il s’entraîne une fois. Cela peut se comprendre vu qu’il a arrêté le foot trois ans. Et là, il est sur le flanc depuis deux semaines.
Vous avez transféré Jordanov au mercato et il peut évoluer à cette place, non ?
Il peut jouer là, de l’autre côté ou dans l’axe. Mais « Eddi » n’amène pas, pour l’heure, le plus qu’on pouvait attendre de sa part. Il connaît quelques soucis d’adaptation. J’espère que cela va changer, mais c’est à lui de le montrer. Pour en revenir à Stolz, j’ai aussi lu qu’il n’allait pas assez vite pour évoluer sur un flanc. C’est n’importe quoi! Avec Turpel et Lauriente, il est dans notre top 3 à ce niveau-là! Et au final, il a déjà inscrit 9 buts en évoluant à une place qui n’est pas la sienne (puisqu’il préfère l’axe). Dominik (Stolz), Dave (Turpel), Dan (Da Mota), Mario (Pokar)…, tous mes joueurs offensifs n’ont pas joué une bonne rencontre, j’en conviens. Cela peut arriver.
À quoi est-ce dû ? Uniquement à l’arrière-garde differdangeoise ?
C’est en tout cas un premier élément. À côté, il y a eu des fautes techniques que je n’avais jamais vues avant. Était-ce dû au terrain ? À la pression ? Je ne sais pas… Après, si on l’avait emporté, on n’en aurait sans doute pas autant parlé. Car je n’ai pas, non plus, vu un joueur offensif de Differdange être à son niveau. Que ce soit Caron, Yéyé, Er Rafik ou même Hamzaoui qui est peut-être celui qui a le plus d’impact sur le jeu et est le meilleur joueur differdangeois. Mais dimanche dernier, je ne l’ai pas vu jusqu’à son centre qui amène le but à la dernière seconde. La différence, c’est que leurs attaquants ont su tuer le match sur leur seule occasion. J’espère que ce samedi, les miens seront capables de faire de même.
Si vous êtes éliminés en Coupe, vous pourriez avoir tout perdu en une semaine. Et on a déjà vu, à Dudelange, des entraîneurs vainqueurs de cette compétition et du championnat ne pas être reconduits. Vous ressentez la pression ?
Non. Il ne faut pas juger mon équipe avant la fin de cette saison. On va essayer de remporter nos cinq derniers matches et si on y parvient, on atteindra les 65 points, soit le meilleur total du F91 depuis neuf ans. Après, si Differdange termine avec 67 points, on sera déçus, mais on ne pourra que les féliciter. Si ensuite certaines personnes ne sont pas satisfaites, on pourra en parler. Quand on n’a pas le succès souhaité, le « boss » a le droit de changer des choses, de juger votre travail. Mais à l’heure actuelle, je ne ressens pas de pression et j’ai toute confiance en mon équipe pour cette fin de saison. Et puis, quand on voit les événements qui se sont passés cette semaine à Dortmund, on se doit de garder en tête que ce n’est que du foot.
Recueilli par Julien Carette