Le calme est revenu samedi à Ajaccio, où de nombreux policiers avaient été déployés la veille après le saccage d’une salle de prière musulmane. La surveillance des lieux de culte a été renforcée.
Depuis samedi matin, la cité impériale est « très fortement encadrée par des effectifs des forces de l’ordre » pour éviter d’éventuels autres incidents. Plusieurs cars de CRS ont été déployés dans le quartier. Le préfet de Corse Christophe Mirmand avait décidé vendredi soir une surveillance des lieux de culte musulman.
Les incidents avaient débuté dans la nuit de jeudi à vendredi, lorsque un incendie avait été « volontairement allumé » dans les Jardins de l’Empereur, une cité populaire sur les hauteurs de la ville, « pour attirer les forces de l’ordre et les pompiers dans un guet-apens ». Deux pompiers puis un policier ont alors été blessés par des jets de projectiles lancés par « de nombreux jeunes encagoulés » de ce quartier.
Vendredi, une manifestation pacifique de soutien aux pompiers et policiers a rassemblé quelque 600 personnes devant la préfecture d’Ajaccio mais, en fin de journée, environs 300 d’entre-elles ont rejoint le quartier des Jardins de l’Empereur.
Scandant pour certains « Arabi fora (les Arabes dehors, NDLR) ! » ou « On est chez nous ! », dans une ambiance particulièrement tendue, ces manifestants ont d’abord affirmé vouloir retrouver les auteurs de l’agression de la veille. Un petit groupe s’est ensuite détaché pour saccager une salle de prière musulmane. Les casseurs ont tenté de mettre le feu, puis ont cherché à brûler une cinquantaine de livres, dont des exemplaires du Coran. Un restaurant Kébab a été également dégradé.
« Relents de racisme et xénophobie »
Des actes condamnés par le Premier ministre Manuel Valls, qui a dénoncé une « agression intolérable de pompiers » et une « profanation inacceptable d’un lieu de prière musulman », tandis que Bernard Cazeneuve (Intérieur) évoquait des « exactions intolérables, aux relents de racisme et de xénophobie, qui ne sauraient rester impunies tant elles portent atteinte aux valeurs mêmes de la République ».
Le Front national a estimé que « quand les citoyens ont le sentiment légitime que l’État ne fait plus régner l’ordre républicain, quand ils voient des pompiers et des policiers pris en embuscade dans un des innombrables ghettos que compte la France, il y a le risque évident qu’ils veuillent se faire justice eux-mêmes, et que des violences malheureusement s’en suivent ».