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COP21 : le projet d’accord est trop vague, selon des scientifiques


photo AFP

Le projet d’accord sur le climat négocié à Paris contient des formulations trop « vagues » pour garantir que la hausse de la température restera à des niveaux souhaitables, ont jugé vendredi plusieurs climatologues présents à la conférence du Bourget.

« Les options qui envoyaient un signal clair sur les moyens d’y arriver ont été retirées du texte », a déploré Steffen Kallbekken, directeur de recherche au Centre de recherche international sur l’environnement et le climat (CICERO). Elles ont été « remplacées par des formulations assez vagues », a-t-il poursuivi, lors d’une conférence de presse en marge des négociations.

Le nouveau projet de texte en discussion depuis jeudi soir prévoit de limiter la hausse du mercure « bien en-deçà de 2°C » par rapport aux niveaux pré-industriels, et de « poursuivre les efforts pour limiter la hausse de la température à 1,5°C ». Une centaine de pays insistent pour que ce dernier objectif soit mentionné dans l’accord, les Etats insulaires soulignant que leur existence même est, au-delà de ce seuil, menacée par la hausse du niveau des mers.

Pour y parvenir, le texte propose « un pic des émissions de gaz à effet de serre le plus tôt possible » et « une neutralité des émissions durant la seconde moitié du siècle ». Une option du texte précédent prévoyait une réduction des rejets polluants de 40 à 70% d’ici 2050 (scénario préconisé pour rester sous 2°C), ou de 70 à 95% (pour rester sous 1,5°C).

Pour Hans Joachim Schellnhuber, directeur de l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique (PIK), il serait « bon de rester à 1,5°C ». « Mais est-ce que le texte est suffisamment opérationnel pour ça? La réponse est non », a-t-il poursuivi. Commentant la formule « neutralité des émissions de GES », il a jugé que cela « laisse toutes les options ouvertes »: « Nous avons besoin que ce soit plus précis ».

Pour Kevin Anderson, sous-directeur du Centre de recherche Tyndall sur le changement climatique à Manchester, cette notion inédite repose sur un calcul: mesurer les rejets polluants et en soustraire le CO2 absorbé par les forêts, océans mais aussi des techniques de « capture et stockage ». « Cela signifie qu’on n’aura pas suffisamment de réductions d’émissions à court terme (…) et que donc l’objectif de 1,5°C n’est pas viable », estime-t-il, ajoutant: « pour les pays vulnérables, pauvres, le texte actuel oscille entre danger et mort assurée ». Quant à la notion de « pic le plus tôt possible », elle n’est pas non plus assez « forte », ajoute-t-il.

AFP