« Regrets éternels », « à nos abeilles » : des apiculteurs bretons demandant l’interdiction des pesticides ont achevé vendredi un « convoi mortuaire » de ruches mortes à Rennes où une délégation a été reçue à la Chambre d’agriculture.
La délégation devait remettre une motion des « apiculteurs en détresse » pour « exiger le dédommagement » de leurs pertes et manque à gagner, en rappelant que « 20 000 colonies sont mortes » cet hiver en Bretagne. « Nous venons avec force et colère témoigner de la disparition exceptionnelle des abeilles sur l’ensemble de nos territoires cet hiver, témoigner de cette catastrophe écologique », proclame la motion lue devant la Chambre et affichée sur un camion.
« L’hécatombe d’une ampleur exceptionnelle dédouane la responsabilité individuelle des apiculteurs, touchés quelque soient leur pratiques », relève le texte qui dénonce « les pratiques agricoles irraisonnées de l’agrochimie, affaiblissant jour après jour les colonies » d’abeilles. La motion demande à l’État de « dédommager » les apiculteurs et « d’assumer ses responsabilités pour préserver la santé des abeilles ».
Indemnisations réclamées
« On va demander un état des lieux pour qu’il y ait indemnisation, il n’y a pas de raison pour que cela ne se fasse pas », a déclaré le sénateur du Morbihan Joël Labbé, venu soutenir les manifestants. « Arrêtons d’évaluer » l’effet des pesticides, « arrêtons de gaspiller l’argent dans des études, nous demandons l’arrêt des pesticides », a souligné un autre intervenant. « Quand Monsanto crèvera, l’abeille ressuscitera », proclamait une banderole.
Une centaine de protestataires étaient rassemblés, portant pour nombre d’entre eux leur tenue de protection: combinaisons, vareuses, chapeaux et voiles. Parti du Faouët (Morbihan) lundi, le convoi était composé de plusieurs véhicules transportant des ruches, entourées de couronnes de fleurs funéraires. Un cercueil, recouvert d’un tissu vert, transportait un mannequin habillé d’une tenue d’apiculteur. Un Observatoire des mortalités et des affaiblissements de l’abeille mellifère, a été créé en région Bretagne et Pays de la Loire, à titre expérimental, jusqu’au 31 juillet 2019. Il a pour objet, selon le site de l’ESA (Epidémiosurveillance santé animale), de « mieux recenser les événements de santé observés dans les ruchers de la région ».
Selon le syndicat, l’interdiction prochaine, décidée la semaine dernière par la Commission européenne, de trois néonicotinoïdes « est une bonne nouvelle » mais reste « très insuffisant ». « Ces trois produits étaient déjà soumis à un moratoire en France sur certaines cultures et certains agriculteurs les avaient déjà remplacés par un autre néonicotinoïde qui reste autorisé par l’Europe ».
Le Quotidien/AFP