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Comme son frère, le jihadiste Jean-Michel Clain tué en Syrie


Dorothée Maquere est arrivée avec ses cinq enfants à une position des Forces démocratiques syriennes près du village de Baghouz, où sont retranchés les derniers jihadistes. Elle ne veut pas retourner en France. (photo AFP)

Le jihadiste français Jean-Michel Clain a été tué en Syrie, après la mort de son frère Fabien dans une frappe de la coalition internationale, a annoncé mardi sa femme qui a fui l’ultime réduit de l’État islamique (Daech).

Comme des milliers d’autres qui ont abandonné la poche de Daech dans l’est syrien, Dorothée Maquere est arrivée avec ses cinq enfants à une position des Forces démocratiques syriennes (FDS) près du village de Baghouz, où sont retranchés les derniers jihadistes. Elle ne veut pas retourner en France. N’exprimant aucun regret concernant son ralliement au groupe jihadiste, elle raconte un quotidien marqué par les bombardements dans l’ultime bastion de l’EI, pilonné par les frappes aériennes de la coalition internationale emmenée par Washington.

C’est d’ailleurs un bombardement par drone, mené le 20 février par la coalition, qui a tué son beau-frère, Fabien Clain, et grièvement blessé son époux Jean-Michel Clain, assure Dorothée Maquere. Il mourra quelques jours plus tard, dans un autre bombardement. « Le drone a tué mon beau-frère, et l’obus de mortier a tué mon mari », affirme-t-elle.

Vêtue d’un niqab, elle serre contre sa poitrine son nouveau-né de deux semaines, emmitouflé dans une couverture. Un autre de ses enfants est allongé à ses côtés. Ses deux filles, également en niqab, sont installées avec elle, au milieu de bouteilles d’eau et de paquets de couches qu’on leur a distribués. La plus âgée n’a que 13 ans.

Fabien Clain, 41 ans, avait été identifié par les enquêteurs français comme celui qui avait enregistré le message audio revendiquant les attentats à Paris du 13 novembre 2015. Son frère Jean-Michel, 38 ans, a lui été identifié comme l’homme psalmodiant les « anashid », des chants religieux, entendus dans cet enregistrement. Interrogée sur les activités des deux hommes au sein de Daech, Dorothée Maquere répond avec réticence. « Rien de spécial », lâche-t-elle. « Il faisait des chants », finit-elle par dire au sujet de son époux. « Mon beau-frère, il écrivait les textes des chants », ajoute-t-elle.

« Qu’on me laisse tranquille »

Elle n’est pas certaine si d’autres Français sont toujours dans le réduit de l’EI. « Il y en a d’autres peut-être, mais il n’y en a plus beaucoup en tout cas ». Selon elle, Hayat Boumedienne, la compagne de l’auteur des attentats de Montrouge (près de Paris) et de l’Hypercacher en janvier 2015, serait morte « ces derniers jours ». « Elle a été tuée, je ne sais pas » quand, souligne-t-elle. « On peut pas vous dire les conditions, les heures, c’était quand, tout s’est précipité ces derniers jours », explique-t-elle. « Elle a bien été tuée en tout cas. »

La mort de Fabien Clain, dans une frappe de la coalition emmenée par Washington, avait été annoncée le 21 février par des sources à Paris, avant que la coalition ne confirme son décès. Originaires de Toulouse et convertis à l’islam dans les années 1990, les frères Clain se seraient radicalisés au début des années 2000. Ces figures de Daech étaient des piliers de la mouvance de Mohammed Merah, un jihadiste ayant tué en 2012 à Toulouse sept personnes, dont trois enfants juifs. Ils ont aussi été proches de la cellule ayant perpétré les attentats de Paris en 2015 et ceux de Bruxelles en 2016.

Comme d’autres Françaises rencontrées ces dernières semaines à leur sortie de Baghouz, Dorothée Maquere ne veut pas rentrer en France et n’attend rien du gouvernement français. « Je veux pas leur demander quelque chose », assure-t-elle, dénonçant la politique des autorités qui est, selon elle, de « mettre les mamans en prison et séparer les enfants ». Elle souhaite « continuer à vivre ici avec mes enfants, à me reconstruire, qu’on me laisse tranquille après tout ce que j’ai vécu », dit-elle. Qu’on me « laisse pratiquer ma religion avec mes enfants tranquillement ».

LQ/AFP