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Dix ans de prison pour l’Algéro-Luxembourgeois Chani Medjoub


Med Chani est en prison en Algérie depuis cinq ans. Après le jugement de ce jeudi, il lui reste quatre ans et 5 mois de détention à effectuer (Photo DR)

Le tribunal criminel d’Alger a condamné ce jeudi à des peines de prison allant de un à 10 ans une quinzaine de personnes, dont l’Algéro-Luxembourgeois Chani Medjoub, lors d’un retentissant procès pour corruption dans le cadre de la construction d’une autoroute.

Au total, seize personnes et sept sociétés étrangères étaient jugées depuis le 19 avril pour corruption, blanchiment d’argent et dilapidation de deniers publics lors de ce procès dans lequel des noms de ministres ont été évoqués comme bénéficiaires de pots de vins.

Les peines à 10 ans de prison visent le consultant en finances Chani Medjdoub, détenteur de la double nationalité algérienne et luxembourgeoise, et un ancien cadre du ministère des Travaux publics, Mohamed Khelladi. Tous deux ont été également condamnés à une amende de 30 000 euros chacun.

Le tribunal a en outre ordonné la saisie de tous les biens mobiliers et immobiliers de Chani Medjdoub et Mohamed Khelladi, derrière les barreaux depuis plusieurs années. Les sept entreprises étrangères, en majorité européennes et asiatiques, ont écopé d’une amende de 50 000 euros chacune.

Au Luxembourg, une ASBL « Soutien à Chani » a été créée et a dénoncé des aveux arrachés sous la torture. Le 21 avril, son épouse déplorait une « parodie de justice » dans nos colonnes.

Un autre ancien cadre du ministère des Travaux publics et un homme d’affaires ont été condamnés à sept ans de prison ferme. Deux peines de trois ans de prison ferme ont été prononcées contre deux accusés, dont un ancien colonel des services secrets, en poste au ministère de la Justice au moment des faits. Enfin, huit personnes ont été condamnées à des peines d’un an de prison avec sursis et deux autres acquittées.

Le Quotidien / AFP

Un chantier-phare de la présidence Bouteflika

Lors du procès, l’ancien ministre des Travaux Publics, Amar Ghoul, aujourd’hui aux Transports, a été mis en cause par l’un des accusés selon lequel il aurait perçu un quart des sommes versées en pots de vin. Des accusations rejetées en bloc par M. Ghoul. A été également cité comme bénéficiaire de pots de vin l’ancien ministre de la Justice et des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui.

Chantier-phare de la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, la construction de l’autoroute est-ouest avait été lancée en 2006, confiée aux entreprises Citic et Cojal et devait durer quatre ans.

A la base d’un budget de six milliards de dollars, la construction de l’autoroute a vu son coût grimper à 13 milliards, selon des estimations officielles, et à 17 milliards, selon d’autres sources.

La presse évalue à 5 milliards de dollars le montant des pots de vin versés pendant la construction de cette autoroute de 1.200 km traversant le nord de l’Algérie et toujours inachevée. Le « chantier du siècle » ainsi nommé par l’opinion publique a été rebaptisé par la presse « scandale du siècle ».

AFP