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Bygmalion : Sarkozy reste sur ses positions


Nicolas Sarkozy à l'issue de son audition au pôle financier le 16 février 2016 à Paris. (Photo : AFP)

Il soupçonne du «détournement d’argent», subodore de l’«incompétence» mais réfute tout dérapage de sa campagne. Lors de son audition sur ses comptes lors de la course présidentielle 2012, Nicolas Sarkozy a collé à sa ligne de défense: cette affaire n’est pas la sienne.

Le juge Serge Tournaire l’a toutefois mis en examen le 15 février pour avoir engagé «des dépenses électorales sans tenir compte des deux alertes adressées par les experts-comptables de sa campagne les 7 mars et 26 avril» 2012, selon un compte rendu de l’audition révélé par L’Express et Europe 1.

Au cœur de l’enquête, deux volets: 18,5 millions d’euros de fausses factures émises par Bygmalion, qui correspondraient à des meetings de Nicolas Sarkozy mais réglées par l’UMP sous couvert de conventions fictives; 10 millions inscrits sur une «ligne présidentielle» du budget 2012 de l’UMP. Avec pour objectif de dissimuler une explosion des dépenses autorisées (22,5 millions) dans le budget de la campagne.

«Je conteste formellement toute idée d’emballement dans le rythme de ma campagne», répond Nicolas Sarkozy. «Je n’ai rien fait en 2012 de plus ou de moins que ce que j’avais fait en 2007», et toute dépense somptuaire «aurait été relevée par les médias», plaide l’ancien président.

Puisque sa campagne serait hors de cause, Nicolas Sarkozy «continue à (se) demander où est passé l’argent». Et pointe le doigt vers Bygmalion, dirigé par des proches de Jean-François Copé, alors président de l’UMP. «A qui profite le délit?», demande-t-il, relevant que le chiffre d’affaires d’Event&Cie, la filiale événementielle de Bygmalion, «passe de 4 MEUR en 2011 à 20 MEUR en 2012».

«Pas lieu de polémiquer»

«La distribution de bénéfices en 2013, une année après ma campagne, ils ne se sont pas gênés», affirme Nicolas Sarkozy qui insiste aussi sur la proximité de Jean-François Copé avec deux patrons de Bygmalion, Guy Alvès et Bastien Millot, ses anciens collaborateurs. «Il y a eu une polémique lorsque j’ai déclaré à la police que partout où il y avait Jean-François Copé, il y avait Bygmalion. Il n’y a pas lieu de polémiquer, c’est la vérité.»

Mais comment expliquer cette «ligne présidentielle» de dix millions qui ne concerne pas Bygmalion? Si dans le premier volet, il décèle «clairement une volonté de détournement de l’argent», sur ce second aspect, qu’il ne connaissait pas avant d’avoir accès au dossier, ce serait «plus une légèreté ou une incompétence, qu’une volonté délictueuse». D’un côté, «il y a manifestement un système», de l’autre, «plutôt de la pagaille».

Mais il insiste: il ne touchait pas à la logistique. «Sur toute ma campagne, je n’ai choisi aucun prestataire», «à aucun moment, je ne vois une seule facture. Je ne signe ni ne vise aucun document». Le directeur de campagne, Guillaume Lambert, a dit «avoir évoqué avec moi» la première des notes d’alerte et avoir reçu en retour pour instruction de se «conformer aux recommandations de l’expert-comptable», concède Nicolas Sarkozy: «Je n’ai pas le souvenir qu’il m’a parlé, mais puisqu’il le dit, c’est ce que j’ai dû lui dire.»

Quant à la deuxième note, si elle lui avait été transmise pour lecture, «je l’aurais annotée comme je note absolument tous les documents qui passent entre mes mains». Et il a signé son compte de campagne sans rentrer dans les détails financiers. «Il y a 46 cartons de factures. Fallait-il que je me plonge dans les 46 cartons?» «La vérité, c’est que je n’ai rien lu». Sa signature engage à ses yeux sa seule «responsabilité administrative» en aucun cas sa «responsabilité pénale», ce qui impliquerait qu’il ait «voulu sciemment violer la loi». Ce qu’il réfute.

Treize responsables de Bygmalion, de l’UMP, de la campagne ou les deux experts-comptables ont également été mis en examen. Le juge n’a pas mis en examen Jean-François Copé.

AFP/M.R.