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Brexit : l’appétit coupé des consommateurs britanniques en pleine inflation


(Photo : AFP)

Les ventes au détail au Royaume-Uni ont faibli en mai, au moment où le pouvoir d’achat des ménages est rogné par une inflation qui pèse sur l’économie avant les négociations sur le Brexit.

Cette vigueur récente de la hausse des prix a même poussé trois des huit membres du comité de politique monétaire (CPM) de la Banque d’Angleterre (BoE) à voter pour une hausse du taux directeur lors d’une décision de politique monétaire rendue jeudi. Selon des chiffres dévoilés ce même jour par l’Office des statistiques nationales (ONS), les ventes au détail ont reculé de 1,2% en mai sur un an, tirées vers le bas par l’alimentaire et les biens d’équipement domestique.

Cette baisse est plus forte que celle prévue par les économistes et reflète une tendance à l’oeuvre depuis le début de l’année d’un affaiblissement de la consommation des ménages, qui doivent composer avec une forte hausse des prix comprimant leur pouvoir d’achat. L’inflation atteint désormais 2,9% en rythme annuel à cause de la chute de la livre depuis un an qui rend plus onéreux le coût des biens importés.

Ce contexte complique la tâche de la BoE qui applique déjà des mesures de soutien à l’économie et a opté pour le statu quo à la mi-journée, en maintenant son taux directeur au niveau historiquement bas de 0,25%. Mais, à la surprise générale, trois des membres du CPM ont voté pour une hausse de 0,25 point de pourcentage, afin d’essayer de quelque peu limiter les effets d’une inflation élevée, tout en maintenant une politique monétaire globalement accommodante.

L’équilibre est ardu à trouver car la machine économique est déjà quelque peu grippée et pourrait caler en cas de resserrement trop brutal. En mai, les ventes au détail ont baissé dans la plupart des principales catégories, de l’alimentation aux biens d’équipement domestiques, seul le commerce des carburants restant bien orienté. Sur un an, la progression des ventes au détail en mai n’a atteint que 0,9%. « Nous n’avons pas vu une croissance aussi faible depuis avril 2013 », a noté un statisticien de l’ONS, Ole Black, qui a vu dans la hausse des prix « un facteur significatif » du ralentissement.

Brexit « dur » ou « doux » ?

Les économistes sont dans l’ensemble peu optimistes pour la consommation des ménages, qui a pourtant été un des principaux moteurs de la croissance depuis la décision choc des Britanniques de quitter l’UE lors du référendum du 23 juin 2016. « La situation ne va probablement pas s’améliorer », estime James Knightley, analyste chez ING, mettant en avant « la pression sur le pouvoir d’achat des ménages ».

Pour Howard Archer, économiste chez EY Item Club, « la fragilité de la confiance des consommateur et la prudence quand il s’agit de réaliser des achats importants pourraient être renforcées par les grandes incertitudes économiques et politiques à la suite des élections législatives ». Car cette mauvaise passe pour la consommation intervient à un moment délicat pour l’économie britannique, qui fait face à de grandes incertitudes politiques en raison de la fragilité du gouvernement de Theresa May depuis le revers électoral des conservateurs la semaine dernière.

S’ajoute à cela l’ouverture imminente des discussions sur le Brexit avec Bruxelles, peu propice à entretenir la confiance des entreprises, d’autant que l’exécutif semble plus tiraillé que jamais entre partisans d’une ligne dure et ceux d’une sortie de l’Union européenne plus en douceur.

Le ministre des Finances Philip Hammond devait à cet égard prononcer un discours très attendu à la communauté financière au Mansion House de Londres, quelques jours après avoir été confirmé dans ses fonctions par Theresa May. Mais le chancelier de l’Echiquier a surpris en annonçant à la mi-journée qu’il renonçait à prononcer ce discours, en hommage aux victimes de l’incendie d’une tour d’habitation à Londres qui a fait au moins 17 morts.

Philip Hammond devait insister sur l’importance de tenir compte des besoins des milieux d’affaires dans les négociations et mettre en avant les bienfaits d’une approche plus « douce » que celle portée jusque-là par Theresa May, d’après la presse britannique.

Le Quotidien/AFP