L’impact économique du Brexit reste incertain mais les professionnels du tourisme britanniques, eux, se frottent déjà les mains: ils sont convaincus que le plongeon de la livre sterling va attirer des vacanciers étrangers.
“C’est une très bonne chose pour les touristes que la monnaie soit plus faible étant donné que Londres est une ville chère», se réjouit Charlotte, une étudiante française de Toulouse venue à Londres pour un week-end entre amies. «On a réservé notre voyage avant les résultats du référendum donc c’est une bonne surprise», ajoute-t-elle en faisant la queue devant le musée des statues de cire Madame Tussauds, l’une des attractions les plus réputées de la capitale.
La livre sterling a chuté de plus de 10% face au dollar comme face à l’euro depuis le référendum du 23 juin, qui a vu les Britanniques choisir de quitter l’Union européenne. Cette sortie («Brexit») prendra du temps à se concrétiser et exigera de longues négociations avec Bruxelles, mais les marchés financiers ont déjà tiré les conclusions de cette décision surprise pour sanctionner la livre… au plus grand bonheur des professionnels du tourisme dans le royaume.
Mariola tient depuis huit ans un stand de snacks et de boissons fraîches devant Madame Tussauds. Son commerce a toujours bien fonctionné, au vu de sa position géographique privilégiée, mais elle remarque une légère amélioration ces dernières semaines: «Je dirais que les affaires marchent un peu mieux, les gens dépensent probablement plus facilement que d’habitude», explique-t-elle.
Au-delà de cette petite échoppe, l’ensemble du secteur a le moral au beau fixe: d’après ForwardKeys, une société de statistiques spécialisée dans le secteur du voyage, le Royaume-Uni a enregistré une augmentation de 4,3% sur un an des venues de voyageurs étrangers lors des quatre semaines qui ont suivi le référendum.
VisitBritain, l’organisme chargé de la promotion des atouts touristiques du Royaume-Uni relève pour sa part que, malgré le Brexit, 65% des hôteliers et des logeurs particuliers («accommodation providers») se disent «très confiants» au regard de leur activité estivale, et considèrent comme «très bonne» le nombre de réservations à venir.
«Je pense que le tourisme est l’un des secteurs qui pourrait vraiment bénéficier des changements dus au Brexit. Il faut saisir cette opportunité», s’enthousiasme Patricia Yates, directrice de la stratégie de VisitBritain.
Climat doublement favorable
«Les recherches de séjours au Royaume-Uni ont connu un pic post-Brexit, en partie grâce à une monnaie faible», renchérit Ufi Ibrahim, directeur de la British Hospitality Association qui promeut les entreprises touristiques du pays. «La plupart des touristes étrangers avaient déjà réservé leurs vacances (avant le référendum, ndlr), et dans l’intervalle la chute de la livre leur sera profitable, tout comme elle l’est pour les touristes qui sont actuellement en vacances et qui devraient dépenser plus».
Même son de cloche du côté d’Airbnb, la plateforme en ligne de locations entre particuliers, qui relève que Londres, l’une des trois villes les plus réservées par les touristes, n’a rien perdu de son attrait pour les vacanciers étrangers. Au contraire, des voyageurs de plus de 164 nationalités ont choisi d’y venir après le Brexit, confirmant le caractère «populaire et métis» de la ville, souligne James McClure, directeur général d’Airbnb pour l’Europe du Nord.
Les professionnels espèrent maintenant que ce climat estival favorable, du côté des taux de change comme pour la météo, se poursuivra pendant l’arrière saison et au-delà.
L’entreprise de communication London & Partners assure que deux-tiers des Américains venus en vacances au Royaume-Uni se déclarent prêts à revenir au vu du taux de change avantageux et Mme Yates, de VisitBritain, a constaté depuis le référendum un doublement des recherches effectuées en ligne depuis la Chine pour des voyages au Royaume-Uni.
Le Quotidien/afp