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Brexit : la City et l’économie britannique plongent dans l’inconnu


Au cœur des futures turbulences financières, la City de Londres risque d'être moins attractive: les banques craignent de perdre le droit de vendre sans entrave leurs services financiers vers les pays de l'UE. (photo AFP)

La sortie des Britanniques de l’UE entraîne un vertigineux plongeon dans l’inconnu pour leur économie, qui risque de pâtir du poids des incertitudes avec une croissance ralentie et un chômage en hausse à la clef. La City pourrait fortement souffrir.

Les partisans du maintien dans l’Union européenne en avaient fait leur principal argument de campagne mais cela n’a pas suffi: le Royaume-Uni va désormais affronter les vents tourbillonnants générés par sa décision de partir.

Dans l’immédiat, c’est une mini-tempête financière qui souffle non seulement sur la City de Londres mais aussi au large des côtes britanniques. Voir la cinquième puissance économique mondiale quitter le navire européen a immédiatement engendré un impact planétaire… au point que des observateurs jugeaient que le Royaume-Uni avait rétrogradé au sixième rang, derrière la France, en quelques heures du fait de l’impact sur le marché des changes.

La livre sterling chère aux sujets de sa majesté, a plongé en effet de 12% face au dollar, tombant à son plus bas niveau en 30 ans, tandis que les bourses mondiales dégringolaient.

Après une nuit rivé devant l’écran de sa salle de marché, David Papier, d’ETX Capital, a évoqué « un bain de sang, un carnage ». Parlant de « putain de désastre », un employé de la City résumait le sentiment d’une élite financière désespérée, que les assurances de stabilité lancées par la Banque d’Angleterre ne suffisaient pas à consoler.

L’impact économique devrait en effet être majeur et même si les experts se sont écharpés sur les risques encourus, ils s’attendent dans l’ensemble à des conséquences négatives – au moins pour les années à venir.

Le gouvernement britannique a prévenu qu’une bonne dizaine d’années pourraient être nécessaires pour mener à bien les diverses négociations ouvertes par un Brexit.

Il s’attend du coup à « une longue période d’incertitude », avec « des conséquences pour les entreprises britanniques, le commerce et l’attraction des investissements », d’autant que la situation politique est désormais très instable, avec un Premier ministre, David Cameron, démissionnaire.

Les barrières commerciales pourraient être relevées pendant la période de transition, avec 5,6 milliards de livres (7,2 milliards d’euros) par an de droits de douane supplémentaires à payer pour les exportateurs britanniques, d’après l’OMC.

Panne redoutée

En outre, « de nombreuses entreprises utilisent le Royaume-Uni comme porte d’entrée vers l’Europe et certaines d’entre elles ont prévenu qu’elles relocaliseraient leur siège européen en cas de Brexit », rappelle Scott Corfe, directeur du Centre for Economics and Business Research, qui s’attend à un repli des investissement chinois et américains.

Les partisans du Brexit ont battu campagne de surcroît pour limiter l’immigration, ce qui devrait réduire l’afflux de main-d’oeuvre d’Europe de l’Est et du Sud qui a dopé l’économie ces dernières années.

Au final, la croissance britannique, dynamique depuis deux ans, risque de se réduire et le FMI envisage un scénario défavorable où l’économie entrerait en récession l’an prochain, entraînant une remontée du chômage de 5% actuellement à 6,5% d’ici deux ans.

Cette panne redoutée devrait assécher les rentrées fiscales, que ne compenserait pas l’arrêt de la contribution britannique aux comptes de Bruxelles.

Conséquence: l’agence de notation S&P a prévenu dès vendredi matin que le Royaume-Uni pourrait perdre sa précieuse note « AAA » qu’elle lui attribue depuis un demi-siècle.

Au coeur des futures turbulences financières, la City de Londres risque d’être moins attractive: les banques craignent de perdre le droit de vendre sans entrave leurs services financiers vers les pays de l’UE.

La banque américaine JPMorgan a déjà averti qu’elle pourrait déplacer des emplois hors du Royaume-Uni. Avant le vote, ses compatriotes Morgan Stanley et Goldman Sachs, ainsi que la britannique HSBC, avaient évoqué la possible délocalisation de milliers de postes en cas de Brexit.

Les secteurs manufacturiers comme l’aéronautique, avec l’entreprise européenne Airbus au centre des attentions, ou l’automobile en plein boom au Royaume-Uni pourraient souffrir pour leur part de nouvelles barrières tarifaires.

Au-delà, c’est l’image du « Made in Britain » qui pourrait être écornée. « Il y a le Brexit et les gens voient déjà le pays s’entre-déchirer autour d’un éventuel deuxième référendum sur l’indépendance écossaise. Le Royaume-Uni ne semble plus aussi sûr que jadis », constate Scott Corfe.

Le Quotidien / AFP

Un commentaire

  1. Soyons optimistes, voyons les choses positives : cela ne nous empêchera pas de vivre. Peut-être même que ce peut être un bien pour l’Europe !