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[BGL Ligue] Un « clasico » qui n’intéresse personne


Les sommets d'intensité que nous proposent le Fola et le F91 depuis quelques années, n'attirent toujours personne hors des frontières. (Photo : Julien Garroy)

La bonne passe de notre foot n’a pas changé la manière dont on est perçus par nos voisins.

Jamais nos équipes n’ont été aussi loin en Coupe d’Europe. Jamais notre équipe nationale n’a aligné autant de talents et de joueurs expatriés. Pourtant, notre football luxembourgeois intéresse toujours aussi peu de monde. Et notamment le match au sommet de samedi entre le Fola et Dudelange.

Samedi, Dudelange défiera le Fola dans un choc qui pourrait permettre au F91 de coiffer les lauriers. Un match entre les deux meilleures formations du pays qui pourrait bien attirer du monde chez nous, surtout si le beau temps est de la partie, mais qui n’intéresse personne (ou presque) au-delà de nos frontières.

«L’intérêt est mineur, à l’image du reste du championnat, même pour les personnes du monde du foot, confirme Mario Mendoza (47 ans), l’agent qui a amené au FC Metz les Argentins Milan, Palomino et Kaprof. La plupart des joueurs sont déjà connus en France et en Belgique, pour y être passés. Ce n’est pas dans un tel match que l’on va découvrir une pépite…» Si le Belgo-Argentin assiste à des matches dans notre pays, il le fait le plus souvent dans les catégories de jeunes. «L’été, je me rends à pas mal de tournois où les Luxembourgeois affrontent et rivalisent parfois avec de grandes équipes telles le Bayern, la Juventus… Il y a du talent, mais celui-ci part souvent tôt à l’étranger pour évoluer dans un environnement plus compétitif, afin de progresser. Le niveau global reste trop faible.»

Un garçon comme Laurent Jans est tout de même passé l’été dernier du Fola à Waasland-Beveren en D1 belge. «C’est l’exception qui confirme la règle, sourit Mendoza. Oui, on peut retrouver des bons éléments mais le souci, on le connaît tous : ils gagnent trop bien leur vie entre leur travail et le foot pour essayer de percer ailleurs.»

Ce qu’a réussi le latéral droit de la sélection luxembourgeoise, ils sont, en effet, peu à l’avoir tenté. Frank Defays, l’entraîneur de l’Excelsior Virton, en sait quelque chose : «Voici deux ou trois ans, nous avions rencontré Dave Turpel. Notre club remontait en D2 belge et nous cherchions un attaquant avec son profil. Mais il n’a pas fallu cinq minutes pour qu’on se rende compte que cela n’allait pas pouvoir se faire. Dans les clubs du top au Grand-Duché, les plus petits salaires correspondent à nos plus grosses rémunérations. Donc, comme je n’ai pas vraiment de temps à perdre, à quoi cela servirait d’assister à une rencontre comme ce Fola – Dudelange ?»

Mais ce n’est pas pour autant que l’ancien défenseur de Dudelange ou du Sporting Charleroi ne trouve pas des éléments intéressants à notre compétition. «Des garçons comme Jans et Chanot sont la preuve que du potentiel existe. Maintenant, il ne faut pas non plus exagérer dans l’autre sens : il n’y a pas non plus dix gars en BGL Ligue qui peuvent jouer au plus haut échelon belge. Tous les internationaux luxembourgeois n’y ont pas forcément leur place. Cependant, snober le Luxembourg comme la France peut le faire avec la Belgique serait une erreur à ne pas commettre.» La formule est belle, certains voisins hexagonaux apprécieront…

Du côté français justement, appréhende-t-on notre football différemment depuis que le talent du jeune Vincent Thill fait parler dans toute l’Europe ? «Peut-être un tout petit peu, glisse Jean-Sébastien Gallois (journaliste au Républicain lorrain) comme pour nous faire un peu plaisir. On suit principalement votre équipe nationale, celle-ci reste la vitrine de chaque nation. Surtout quand on y retrouve un ou deux Messins tels Philipps ou Thill. On va rarement voir plus bas, au niveau des équipes de club. Maintenant, je suis certain, vu qu’on me l’a déjà confirmé au club, que du côté du FC Metz, les recruteurs ne se limitent pas aux rencontres de jeunes. Ils vont également jeter un œil aux matches de BGL.»

Il y a donc de bonnes chances qu’un scout messin se cache samedi au milieu des nombreux anonymes présents au stade Emile-Mayrisch.

Julien Carette