Arnaud Schaab vit bien son statut de gardien n°2 du FCD03 derrière l’irréprochable Julien Weber. La preuve, les deux font la route ensemble pour aller aux entraînements.
Les gants d’Arnaud Schaab ne seront pas trop abîmés, à la fin du week-end, quand le gardien de but de 25 ans les rangera dans son sac après s’en être simplement servi lors de l’échauffement. Car comme lors des onze premières journées du championnat, l’Amnévillois ne jouera pas. À moins que Julien Weber ne se blesse ou se fasse expulser.
«Même si cette situation doit le faire chier, il n’en est pas à souhaiter qu’il m’arrive un malheur. On a une relation très saine», décrit Weber. On ne déloge pas facilement un gaillard de 30 ans, d’1,96 m et qui a cumulé 137 matches de DN sous le maillot du FCD03 ces sept dernières saisons. Arnaud Schaab l’a compris avant même de rejoindre le club et c’est pour cela qu’il ne bronche pas. «On ne m’a pas promis de place de titulaire quand j’ai signé. On m’a parlé de cette concurrence et comme Julien fait ses matches, c’est normal qu’il reste dans les buts. Je suis parti de Grevenmacher où j’étais sûr de jouer. J’ai voulu un nouveau challenge et là, on peut dire que je l’ai», indique le remplaçant.
C’est au printemps, soit quand Schaab avait déjà donné son accord au président Fabrizio Bei, que Weber a remporté la certitude de démarrer la saison suivante dans la peau du numéro 1. «Il nous a fait gagner la Coupe contre Dudelange et il a fait de supers matches en Europa League», indique Marc Thomé. L’entraîneur differdangeois reconnaît qu’il a «un problème de riche. Ces dernières années, j’ai toujours considéré que les quatre meilleurs gardiens du Luxembourg étaient Joubert, Oberweis, Weber et Schaab. On en a deux sur quatre, on ne peut en faire jouer qu’un seul, voilà.»
Il n’y a pas si longtemps, Marc Thomé entonnait un autre refrain. Il était alors entraîneur de Grevenmacher et avait sous ses ordres un Arnaud Schaab qu’il encensait publiquement régulièrement. «Oui, quand je l’entraînais à Grevenmacher, je disais qu’il était meilleur que tous les autres gardiens du pays. Mais depuis, j’ai découvert Weber et je les place tous les deux sur la même ligne», ajuste Thomé.
«De toute façon, je ne me suis pas dit en arrivant ici que sous prétexte que le coach m’avait déjà eu, ça allait me faciliter la tâche. Notre concurrence est très loyale, je n’ai pas de passe-droit et je n’en veux pas», souligne l’ancien du CSG.
Plus petit que son concurrent, Schaab (1,82 m), réputé pour ses réflexes incroyables et son jeu au pied de joueur de champ, a un tout autre style que la muraille Weber. Mais le point qui les différencie le plus se situe certainement au niveau du caractère. D’un côté, Weber le ronchon, celui qui peut râler pour un but encaissé à l’entraînement avec la même intensité que si cela s’était passé en match. De l’autre, Schaab, qui voit du positif partout et part du principe que son optimisme a le don de contaminer l’ensemble de ses coéquipiers.
«J’espère jouer la Coupe»
L’idée d’une alternance une semaine sur deux a vite été balayée par Paul Koch, l’entraîneur des gardiens. Cela tombe bien puisque Schaab lui-même n’en veut pas.
Preuve de la loyauté de la concurrence, les deux «rivaux», se rendent à chaque entraînement dans la même voiture. «On parle de tout, y compris de foot, mais pas de cette situation, indique Schaab. De toute façon, ça ne sert à rien, on la connaît tous les deux. Moi, je me tiens prêt et j’espère jouer la Coupe.» Et Weber de poursuivre : «Vu son attitude, il mériterait de la jouer.»
Pour que le sort de Schaab évolue, faut-il attendre une boulette de son collègue? «Non, jure Thomé. J’ai dit à Julien qu’on ne le sortira pas à la première gaffe. Et pour l’instant, il n’a rien à se reprocher.» Beau joueur, Weber rappelle qu’il a fait une belle boulette sans incidence contre Hamm (4-1, 8e journée). Mais il reste le taulier et profite chaque jour de l’arrivée de Schaab. «Depuis que Thomas Hym est parti au Fola, ce n’est pas qu’il se laissait aller, mais il n’avait pas la concurrence qu’il lui fallait pour se transcender», estime Thomé. Weber rectifie : «Je trouve que ma dernière saison était aussi bonne que celle que je suis en train de faire.»
En matière de concurrence, Arnaud Schaab (25 ans), qui totalise 115 matches de DN depuis son arrivée à Grevenmacher en 2010, en connaît aussi un rayon. Initialement remplaçant de Marc Pleimling, il avait profité d’un carton rouge du n° 1 pour enfiler les gants. Marc Thomé avait décidé de ne plus jamais le sortir de son onze de départ. Schaab a gardé en mémoire cette histoire et se demande combien de matches il devra encore patienter avant de passer devant Weber. Et il a tout intérêt à l’être puisque les deux garçons seront encore sous contrat l’an prochain.
Matthieu Pécot