Romain Schumacher, le président dudelangeois, continue d’adorer les mois de mai. À deux jours d’un F91 – Fola décisif pour le titre, il admet de la nervosité et imagine celle de Fabrizio Bei…
Franchement, depuis le temps que le F91 aborde chaque mois de mai avec le titre à jouer, en tant que président, on est un peu blasé non?
Romain Schumacher : Le jour où cela me semblera être devenu une habitude, j’arrêterai. Et au contraire, c’est extrêmement excitant! Je me rappelle encore assez bien notre premier titre (NDLR : en 2000) et sur l’échelle de nervosité, on n’est pas loin! Connaissant Fabrizio Bei (NDLR : le président differdangeoirs) et son côté passionné, il doit éprouver la même chose, surtout que son projet, il le porte depuis un bout de temps…
La fin de saison dernière, qui vous avait vu perdre vos huit points d’avance sur le Fola et l’emporter au goal-average, vous l’aviez vécue comment?
Stressant. Ce but venu d’ailleurs de Rodrigue Dikaba pour égaliser contre Wiltz va rester profondément ancré dans les mémoires. Et si je suis certain que ça se termine toujours comme ça, sur un titre, j’opte pour ce scénario. De toute façon, la saison passée, ce dernier match m’avait fait vieillir de cinq ans d’un coup. Tout cumulé, je dois avoir déjà 150 ans à cause du football. Le foot, je le vis mal. Mais si le résultat est identique cette saison, je m’en fous de l’emporter encore au goal-average.
Il y a le Fola dimanche, mais aussi Canach pour clore l’exercice. Ça vous angoisse, de finir au stade de la rue de Lenningen?
Ça c’est certain, il ne faut pas se focaliser uniquement sur le Fola. Le Fola, ce n’est qu’une étape. Car Canach a réalisé quelques surprises ces dernières semaines.
Fabrizio Bei a mis une grosse pression en début de semaine. Espérant à haute voix que le Fola jouerait le jeu. Estimant tout aussi fort que les rumeurs autour de la signature d’Omar Er Rafik, son avant-centre, au F91, participent d’un climat malsain…
Il fait ce qu’il veut et à la limite, c’est un peu normal. Ce sont les règles du jeu, tout le monde les acceptent. Et après tout, je dirais même : pourquoi ne l’aurait-il pas fait? De notre côté, si on n’est pas capable de gérer ça, on n’est pas à la bonne place. Mais le Fola n’a pas besoin de se faire rappeler qu’il a un rôle à jouer.
Et Er Rafik?
Je ne pense pas que cela déstabilise qui que ce soit. Le Luxembourg, c’est un village. Certaines rumeurs sont vraies. D’autres non. Si on ne peut pas gérer ça…
Le début du mois de mai, c’est aussi le moment où toute la presse du pays commence à s’interroger : le coach dudelangeois, cet été, restera-t-il enfin en place?
En fin de compte, il y a un peu de vrai aussi là-dedans. Il y a certainement de meilleures blagues que celle-là mais je vous avoue qu’avec le coach, on en rigole. L’année dernière, on voyait quand même que l’ambiance se dégradait et qu’à un moment, il fallait prendre cette décision.
Vous allez jouer encore le titre contre le Fola, mais pas potentiellement au profit du Fola. Ça vous fait bizarre de changer d’adversaire cette année?
Oui, ils ont déjà été un peu arbitres contre Differdange même si à l’époque, ils n’étaient pas encore dans cette position. Ils vont avoir un rôle spécial, oui mais à la limite, ça me va très bien qu’ils n’aient pas réussi à battre Differdange parce que dans cette configuration, les choses sont très simples et il n’y a qu’une règle qui vaille : il faut gagner nos deux matches et on sera champions.
Combien ça vaut, cette saison, une place en Ligue des champions?
Participation aux bénéfices plus frais de déplacement, je dirais, à la louche, entre 400 000 et 500 000 euros. Environ.
C’est énorme. Comme les 200 000 et quelques milliers d’euros attribués aux qualifiés en Europa League. Très sincèrement, cela commence-t-il à devenir gênant pour l’équité du championnat luxembourgeois?
C’est une réalité qui existe dans tous les championnats. Mais il y a plus de gens qui ont de l’argent que de gens qui ont des résultats. C’est clair : cette dotation est un avantage, mais encore faut-il bien l’utiliser.
Personne en DN n’a encore demandé une autre répartition?
Je sais qu’au moins un club a déjà mis sur la table la question de la limitation budgétaire mais c’est contre-productif. Un sport, c’est aussi une économie qui fonctionne selon des paramètres normaux. Quant à évoquer une autre redistribution des dotations UEFA, alors je signalerai qu’on aimerait déjà une meilleure répartition de celles qui arrivent dans les bureaux de Mondercange (NDLR : à la FLF)…
Entretien réalisé par Julien Mollereau