Dave Turpel confirme qu’il est enfin devenu un acteur incontournable du football grand-ducal, dont le rendement sera décisif lors de la finale face au Fola. Mais comment aller encore plus haut ?
Auteur de deux triplés la semaine passée (trois buts en Coupe à Käerjeng, trois buts en championnat face à Rumelange), l’international formé à Ettelbruck a enfoncé le clou. Le patron, en ce moment, c’est lui !
La saison dernière, Sébastien Grandjean, alors coach du F91, avait indiqué que «Dave Turpel serait prêt à quitter le Luxembourg quand il serait le meilleur joueur du championnat». De principe, il est ardu d’estimer, aujourd’hui, le standing qu’a acquis l’ancien Ettelbruckois. Comment comparer son incroyable ratio buts/temps de jeu avec les nouvelles qualités de chef d’orchestre de son coéquipier Joël Pedro, ou les arabesques d’un Sébastien Thill (Progrès) en train d’exploser ? Et il est encore plus compliqué d’affirmer que Turpel a désormais les épaules pour aller voir ailleurs : c’est en général dans les compétitions européennes estivales ou en sélection nationale que naissent les vocations au départ. Bref, le Turpel omnipotent de Division nationale, qui marque comme il respire, qui fait étalage de vélocité et de puissance, c’est bien beau, mais cela reste de la DN.
« Il doit apprendre à travailler avec son corps »
Et c’est bien ce que lui reproche Luc Holtz, dès lors qu’il pose ses valises à Lipperscheid, à chaque rassemblement des Roud Léiwen. Si on affirme au sélectionneur que Turpel a progressé, lui répond qu’il n’a «pas vu un énorme changement». Pour Holtz, Turpel a toujours eu dans son ADN ces appels en rupture qui «font si mal aux défenseurs» de par son explosivité et sa vitesse sur longue distance. Quand il est bien physiquement et qu’il parvient à répéter ses efforts, il est irrésistible. Oui, reconnaît encore le sélectionneur, Turpel a aussi mûri, gagné en expérience, mais cela, c’est normal puisqu’il joue.
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Mais on aimerait entendre le sélectionneur sur le nouveau rendement de Turpel : lui qui avait inscrit 9 et 7 buts lors de ses deux premières saisons dudelangeoises a plus qu’explosé son meilleur total en une saison (15), établi en 2013 avec Etzella. Bref, c’est devenu un patron ultraréaliste! Qui a marqué qui plus est près de la moitié de ses buts contre des équipes de la première partie de tableau, là où Julien Jahier en a mis plus de 75 % contre les clubs de la deuxième partie. «Moi, je ne le juge pas sur ses buts. Il y a une différence entre un défenseur de Rumelange ou Käerjeng et ceux du niveau international. Et Dave veut encore trop jouer le ballon avant de jouer le duel. C’est sur ce point qu’il doit progresser, sinon, il aura toujours le deuxième prix! Il doit apprendre à travailler avec son corps. C’est là qu’on a besoin de lui, pour qu’il conserve le ballon et permette au bloc de remonter.»
Ça, ce n’est pas au pays qu’il l’apprendra. Même pas dans un duel avec le Fola décisif pour le titre. Pour ça, il faut partir. C’est-à-dire avoir la chance d’être repéré, mais pas que… «Il faut que plus de données soient réunies, confie Holtz. Notamment un contrat avec des clauses libératoires. Or Dave n’en a pas. C’est le message que je fais passer aux joueurs : il faut des montants dans les contrats, parce que sur ce marché, les clubs recherchent des joueurs libres ou aux clauses basses.» Bref, pour apprendre à se servir de son corps et devenir un cador international plutôt que le simple big boss de la BGL Ligue, Dave Turpel a encore du boulot. Mais avant de se concentrer sur lui, il en a un autre, collectif, à régler : aller chercher le titre samedi au Galgenberg.
Julien Mollereau