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[BGL Ligue] La LFL fait la révolution !


illustration Julien Garroy

[J-2 avant la reprise] Gérard Jeitz, président de l’US Rumelange, gère l’organisation de la programmation au sein de la LFL. Pour lui, c’est officiel : la révolution est en marche.

C’est une révolution. Elle avait été promise le 6 juin dernier lors d’une conférence de presse organisée par la Ligue de football luxembourgeoise, qui regroupe les 14 clubs de l’élite (plus les trois descendants de la saison précédente et qui font partie du groupement pendant deux ans), mais on attendait encore d’en mesurer l’ampleur. Or selon le planning communiqué mardi, il n’y a plus de doute : la DN en a soupé de ronronner les dimanches à l’heure du goûter.

Posons les bases : en répondant simplement par oui ou par non, pouvez-vous nous dire si la DN, cela reste, de principe, le dimanche à 16h ?

Gérard Jeitz : (Qui se plonge dans un long silence) Un instant, je réfléchis. La DN se joue-t-elle encore le dimanche à 16h ? C’est votre question ? Alors… Non !

C’est une petite révolution alors !

Dès qu’on a eu le programme du championnat en main, les présidents des clubs de DN se sont retrouvés. C’était en juillet. Et on a commencé à s’arranger tous ensemble. Ça s’est fait très simplement. Un président disait à un autre : « Tu es d’accord pour changer ? »…

Et c’était entériné.

Non, c’était encore assez long parfois. Parce que certains présidents estiment qu’ils doivent d’abord consulter leur coach, voir avec les joueurs… Mais bon, un président, ça dirige, non ? Ça décide et derrière, les gens appliquent, c’est comme ça dans toute société. Et ça devrait être aussi comme ça dans les clubs : le président tranche et derrière, les staffs appliquent. Mais bon, on doit encore parfois attendre des délibérations en interne. Récemment, j’ai encore décroché mon téléphone pour dire à certains clubs : « Attention, il y a trois matches dans la même zone géographique au même moment ! » Parce que ça, ça ne marche pas.

La logique, ce n’est donc pas que le dimanche à 16h, c’est has been ?

Non, non, ça reste la norme. Mais on regarde aussi le temps qu’il fait, si on peut par exemple décaler en soirée en été. En fait, on décale le plus possible. Et quand il commencera à faire froid, au lieu de mettre les matches plus tard, on les mettra plus tôt. Mais à partir du mois de septembre, on évitera les samedis pour ne pas parasiter la reprise des équipes de jeunes. Par exemple, à Rumelange, les samedis, il nous arrive d’avoir huit rencontres de jeunes. On ne va pas tout chambouler juste pour le match des seniors 1.

On verra très vite ce que cela donnera de décaler systématiquement en soirée les rencontres en été. Mais en hiver, vous avez une idée de ce que cela donnera de les avancer ?

J’ai le souvenir d’une expérience assez positive lors d’un Rumelange – Jeunesse disputé à 14h30 devant 400 à 500 spectateurs (NDLR : 480 spectateurs, le 13 mars dernier, alors que la moyenne rumelangeoise la saison passée était de 287 spectateurs). Bref, on avait profité à plein du soleil.

Mais soyons clair : votre mode de fonctionnement est purement expérimental ? Vous ne vous appuyez pas sur des chiffres des saisons précédentes ?

On n’a pas vraiment étudié les chiffres, non. Juste un petit amalgame de statistiques. Ça allait de la très bonne expérience à la très mauvaise, mais il faut qu’on se fasse à l’idée qu’il y a certains matches, en fin de saison, qu’on ne pourra pas sauver d’une mauvaise fréquentation. Moi, je ne vais pas me plaindre si mon équipe est sauvée cinq journées avant le terme du championnat, mais cela va forcément fausser les chiffres : les gens ne vont pas venir voir un Rumelange – Mondorf s’il n’y a plus d’enjeu.

Et les chiffres de la saison qui s’annonce, détermineront-ils votre action pour 2017 ?

Je pense qu’on doit commencer à s’y mettre un peu, oui. La saison passée, nous jetions un regard vague et général. Mais on n’a pas assez regardé les statistiques pour optimiser. Par exemple, Differdange pense toujours aux matches à midi, voire à treize heures en hiver. Moi aussi d’ailleurs. Je vous avoue que si nous nous étions rencontrés en hiver lors de la saison précédente, on l’aurait sûrement déjà tenté. Mais là, cet hiver, c’est sûr, ça va se faire. Ce sera un « one shot » et on étudiera très attentivement les retombées.

Qu’est-ce qui a enclenché la mécanique ? Le succès de cette méthode de décalage par le Progrès Niederkorn ?

Ce n’est pas un déclencheur, mais en regardant leur réussite, il faut se rendre à l’évidence.

Vous ne pouviez plus vous en tenir au dogme du tous ensemble le dimanche ?

Ces dernières années, on était tous restés assez statiques sur le sujet. L’idée, pendant longtemps, c’est qu’on ne pouvait pas décaler un samedi parce que les commerces étaient ouverts et que les gens préféreraient aller faire les magasins. En plus, les dirigeants prétendaient qu’ils n’arriveraient jamais à trouver des bénévoles pour leur caisse, pour leurs grillades… Mais il faut changer de mentalité ! Tout ça, c’est dans la tête. L’USR l’a fait et c’est une expérience bénéfique. Parce qu’en jouant un samedi, on est sûrs qu’on perdra 20 personnes qui ne pourront pas venir, mais qu’on en aura 300 qui pourront potentiellement venir. Ce qu’il faut faire est assez clair : nous, à Rumelange, on n’est même pas à 5% de notre budget qui provient de la billetterie. Ce n’est pas énorme. Si je peux faire grimper ce chiffre à 8%, alors ça nous fera gagner assez facilement 5 000 à 6 000 euros sur la saison et chaque billet est le bienvenu! Et tout ça, ça passe par les décalages.

Recueilli par Julien Mollereau