Alors qu’il vient de déloger Weber de la place de n°1 du FCD03, Schaab va devoir purger une suspension contre la Jeunesse. Et forcément, ça l’angoisse un peu…
L’air de rien, on y avait pris goût : Differdange, depuis huit ans, était un club qui avait toujours deux bons gardiens, mais où à la fin, c’était Julien Weber qui jouait. Thomas Hym et Yann Heil, lassés, s’en étaient allés, laissant la place au patron. Alors forcément, quand, la veille de la reprise à Rosport, Pascal Carzaniga a fait ce qu’il avait dit qu’il ferait, c’est-à-dire convoquer ses deux gardiens pour leur annoncer son n°1, forcément…
«J’appréhendais, reconnaît Arnaud Schaab. Et on a vu toute la semaine que le coach aussi. C’est forcément délicat à annoncer comme nouvelle. Moi, après l’Europe, je me voyais repartir pour une saison sur le banc.» Et «Caza» a opté pour… le changement.
«Sur le coup, ça l’a un peu énervé, Julien», lâche Schaab. Weber, lui, relativise son agacement : «On n’est pas des mauvais garçons, mais des grands garçons. Je ne vais pas péter un scandale là, devant tout le groupe. C’est la loi du sport et le coach n’a même pas à se justifier !» Certains coéquipiers racontent que leur ancien n°1 s’est un peu renfermé depuis, mais qu’après tout «c’est normal». Et puis Schaab rembraye : «Lui et moi, on fait la route ensemble pour aller à l’entraînement. On a une belle complicité. Même si cela lui a fait un peu bizarre, il a depuis tourné la page.»
«J’ai un peu le cul entre deux chaises»
Ça, c’était avant qu’une décision un peu curieuse de l’arbitre de Strassen – Differdange, M. Heinen, ne rouvre le livre brutalement après trois journées seulement de prise de pouvoir d’Arnaud Schaab. Alors qu’on croyait la double sanction abolie, l’expulsion du nouveau n°1 pour une faute loin d’être évidente peut-elle rouvrir le débat fissa? En temps normal, on dirait non. Mais c’est la Jeunesse qui se présente, dimanche, pour un choc au sommet. Et si Weber s’y montrait brillant ? «C’est vrai que j’appréhende un peu, reconnaît Schaab. Je pense au bien de l’équipe et je veux qu’on gagne ce match, mais je pars du principe que c’est le meilleur qui doit jouer au but. Alors si Julien est bon… J’ai un peu le cul entre deux chaises !»
Julien Weber, lui, prend ça avec détachement, comme un grand garçon de 30 ans. En avouant que le rouge de son coéquipier à Strassen était «totalement immérité». En reconnaissant avoir sorti deux prestations européennes «pas à (s)on goût» : «Mes précédentes campagnes avaient toujours été correctes. Là, j’étais déçu. Le coach a-t-il aussi pris sa décision en fonction de ça ? Je ne suis pas dans sa tête. Il faut lui demander.» Mais visiblement, il pourrait trouver ça presque justifié.
Cela ne veut pas dire que cela doit lui plaire. Puisque le voilà finalement mis en position d’échec dans une situation de concurrence (une première depuis son arrivée au Grand-Duché), la venue de la Vieille Dame, dimanche, doit lui servir à montrer à son staff qu’il peut entretenir le doute. Et de lâcher cette phrase lourde d’ambiguïté, même s’il la destinait à consolider la position d’Arnaud Schaab : «Quand un gardien est en place et qu’il fait son match, il n’y a pas à polémiquer : il doit rester.» En attendant de savoir s’il fera le sien contre Patrick Stumpf et Ken Corral en clôture de la 4e journée, les deux garçons continuent soigneusement d’éviter le sujet en voiture, à chaque journée d’entraînement. Qu’est-ce qu’il y aurait à en dire, nous demanderaient-ils sûrement à l’unisson… Peut-être cela : qu’à un an de la fin de contrat de Weber – qui coûte notoirement plus cher à son club –, à un an de dire si le FCD03 lève la dernière option de Schaab, il semble évident qu’une troisième saison dans cette configuration sera impossible. Et que c’est peut-être maintenant que tout se joue.
Julien Mollereau
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