Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Lâché par le F91, Julien Jahier est en train de réussir son challenge de rebondir au RFCU. Avant d’aller à Grevenmacher ce soir, l’attaquant en est déjà à 3 buts, soit autant que sur l’ensemble de la saison passée…
Que la défense du CSG le sache : c’est un Julien Jahier en pleine bourre qui débarque, ce soir, sur la pelouse du stade Op Flohr. Déjà buteur sur coup franc lors de la défaite ramenée du Progrès (2-1, 3e journée), le Français a planté un doublé lors de la première victoire de la saison du RFCU dimanche, face à Mondorf (2-1, 4e journée).
«En plus de ses deux buts, il en a sauvé un sur notre ligne. Alors oui, on peut dire qu’il a grandement contribué à cette victoire», glisse son coach Fabien Matagne.
D’une manière générale, le début de saison de l’avant-centre n’est pas loin d’être parfait. «En quatre matches, j’ai tiré cinq fois au but et j’en ai marqué trois», calcule celui qui avait débuté sur le banc lors de la deuxième journée, face à Differdange (1-1). Car Jahier, 34 ans, ne jouera pas toutes les minutes de tous les matches. «C’est une gestion à part. Comme Kébé (37 ans) ou Ménétrier (37 ans), il n’est plus tout jeune. Peut-être qu’il sera titulaire à tous les matches, mais peut-être qu’il faudra aussi le laisser se reposer parfois. Il ne faut pas oublier qu’il sort d’une saison où il n’a quasiment pas joué», rappelle Matagne.
Quasiment pas, certes, mais suffisamment pour que Julien Jahier s’en souvienne parfaitement d’un point de vue comptable. Pour sa deuxième et dernière saison au F91, il a «été titularisé 5 fois et mis 3 buts». Même s’il indique être «resté en bons termes avec Dudelange», l’ancien buteur d’Épinal et Rouen, en National, retient aussi que l’être humain a parfois la mémoire courte.
Indisponible en première partie de saison après «une opération des quatre adducteurs», il n’avait été que très peu utilisé par Sébastien Grandjean à son retour et, surtout, l’option pour une année supplémentaire dans son contrat n’avait pas été levée. «Si j’ai subi cette opération c’est aussi, parce que la saison précédente, j’avais joué les quatre derniers matches avec une déchirure de quatre centimètres et en serrant les dents. J’avais eu sept ou huit injections de cortisone pour tenir jusqu’à la dernière journée contre le Fola», raconte Jahier.
Depuis ce match où il a planté un triplé de la tête et raflé le titre au nez du Fola (3-0), Jahier n’a plus rien à prouver au Luxembourg. Il a fait le tour de la question d’un point de vue sportif. Reste l’orgueil et la transition avec l’après-football. «Au RFCU, je découvre une facette du métier que je ne connaissais pas et qui me plaît : l’équipe est extrêmement jeune et en tant que trentenaire, on se doit de servir de guide. Ce rôle d’accompagnateur, je l’aime bien», poursuit celui qui forme, avec le Sénégalais Fine Bop, un des duos les plus efficaces du pays (5 buts à eux deux).
SMS du président et objectif 15 buts
Que ceux qui voulaient envoyer Jahier à la retraite s’accrochent. Jahier estime qu’il a encore «deux ou trois bonnes années» devant lui. «Si on l’a recruté, c’est parce qu’on sait qu’il peut apporter de bonnes choses. Il est très adroit, toujours présent dans les vingt derniers mètres», prolonge Matagne.
L’entraîneur et son joueur n’ont pas eu besoin de se concerter pour se fixer les mêmes objectifs comptables pour le buteur. «S’il nous en met une quinzaine, ce sera bien», considère le coach. «Depuis le début de ma carrière, je me suis toujours fixé comme objectif de marquer un but tous les deux matches. Il y a vingt-six journées, il en faudrait donc treize. Allez, visons quinze!», ambitionne le joueur, qui en avait mis 21 avec le F91 lors de son premier exercice au Luxembourg.
Sans parler de deuxième famille, Jahier devine que le RFCU était le point de chute idéal pour se refaire la cerise. «C’est un super challenge. Ici, les gens n’ont pas de doute sur ce que je peux apporter. La semaine dernière, avant le match, j’ai reçu un SMS du président qui disait qu’il avait une confiance aveugle en moi», sourit Jahier. Et si la clé de la saison du RFCU dépendait du forfait SMS du président Daniel Masoni ?
Matthieu Pécot
