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BGL Ligue – Jager (Strassen), l’anti rock star


Jager (premier en partant de la gauche) est prêt à surprendre son monde. (Photo Jean-Jacques Patricola)

À Strassen, tout le monde rêve qu’une Jager-mania s’abatte sur la DN…

En mars dernier, quand Le Quotidien a voulu faire le portrait de Samir Hadji, il est arrivé un truc curieux : en appelant Roberto Della Mea, le président de Creutzwald – le premier club de l’attaquant du Fola, optionnellement fils du légendaire Mustapha – et en lui annonçant qu’on souhaitait l’interroger sur un de ses anciens joueurs qui réalise de très belles choses au Grand-Duché, il s’est un peu emballé : «Ah, vous voulez me parler de Mickaël Jager, c’est ça ?!» Ben non, on ne voulait pas. En tout cas à l’époque.

Parce que si Jager réalisait certes de très belles choses en PH, cela restait encore en-deçà de ce qu’Hadji, lui, réalisait alors avec le Fola. Mais cette spontanéité nous avait intrigués et l’on guettait l’occasion de mieux comprendre pourquoi le puissant blondinet de Strassen suscite un tel enthousiasme.

Et puis il y a une semaine pour la reprise, on a mieux compris. Un triplé pour son premier match de DN après son doublé contre Käerjeng (3-0) en match de barrages, cela commence à interpeller. Comme si Roberto Della Mea avait eu six mois d’avance sur l’actualité de l’élite grand-ducale… «C’est peut-être parce que mon départ à moi était survenu bien plus tard et qu’il se souvenait plus de moi, sourit Jager. Mais Samir, avec qui j’ai joué en U15, c’était un autre potentiel que moi. Même si je ne sais plus du tout lequel était le plus efficace.» Aujourd’hui, après une journée de DN, c’est lui.

«C’est leur boulot d’être vicieux»

Ça n’étonne pas Fred Cicchirillo. L’ancien meilleur buteur de l’élite en 1999 et 2002, qui l’a repéré et attiré à Walferdange en 2012. Résultat : deux saisons, une montée et 60 buts avant de partir à Strassen. «Il est plus intelligent que la moyenne, possède un physique énorme, un super pied gauche, un bon jeu de tête et une bonne technique. Il ne va pas s’arrêter là, il va encore surprendre du monde», analyse Cicchirillo.

Question : c’est quoi, un joueur intelligent ? Tentative de réponse de Jager : «Il parle peut-être de mon travail pour l’équipe, de mon placement, de mon attitude envers mes coéquipiers, les arbitres, les adversaires… Parce qu’il faut réussir à garder son calme avec certains défenseurs. C’est leur boulot d’être vicieux. Moi, je prends ça comme un jeu.»

Un jeu, donc, le football. Et depuis que Jager est au Grand-Duché, un seul gagnant : lui. Le kinésithérapeute, qui s’autorise des petites séances de récupération prodiguées par son confrère les lendemains de matches, vient d’inscrire la bagatelle de 85 buts en matches de championnat sur quatre saisons. Si la loi mathématique qui le suit depuis son arrivée au pays, et qui veut qu’il perde environ 5 buts à chaque échelon qu’il franchit (33 en D2, 28 en D1, 22 en PH), continue de fonctionner, le Français devrait terminer, à l’été 2016, avec environ 17 buts au compteur. «Si ça se passe comme ça, je veux bien.»

«Mais il n’est même pas sûr de jouer contre Etzella (NDLR : dimanche) !, s’insurge pour de faux Patrick Grettnich. D’ailleurs, pour être sur le terrain, il vient de me payer un restau et va aller laver ma voiture dans la foulée.» À peine redevenu sérieux, Grettnich, loue surtout, lui aussi, «l’intelligence d’un garçon qui a su faire un pas après l’autre». Sous-entendu : sans aller voir ailleurs, alors que la Jeunesse lui a fait une proposition concrète cet été et que d’autres clubs sont venus «flirter». Heureusement, Jager est fidèle en amour.

Rien à voir du tout avec Mick Jagger

En même temps, de quoi aurait-il besoin ? À Walferdange puis à Strassen, l’avant-centre a évolué sous les ordres de deux des meilleurs buteurs de DN des vingt dernières années. À eux deux, ils pèsent 248 buts en DN. Peut-on être mauvais devant le but avec deux mentors comme ceux-là ? Jager ne se défile pas : «Non, on ne peut pas ! Ils m’ont appris à être vicieux, à gérer mes échecs aussi. Je leur dois beaucoup.»

Et il rembourse bien. En buts. Mais pas en chansons. C’est un bizutage qui lui a été épargné à l’UNA, où l’on préfère que les nouveaux paient leur pizza. «Tant mieux, il vaut mieux ne pas me demander, c’est une horreur.» Curieux quand on s’appelle «Mick» Jager, non ? «On m’a souvent demandé si mes parents avaient choisi mon prénom à cause du chanteur (NDLR : des Rolling Stones), mais non.» Il n’aura de toute façon pas besoin de ça pour qu’on s’intéresse à lui. «Si on parle autant de moi que Samir, cela voudra dire que j’ai rempli mon contrat envers Strassen…»

Julien Mollereau