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[BGL Ligue] Arthur Abreu, le Johan Cruyff de Pétange


Artur Abreu, ici entre deux joueurs du RFCU. (photo Julien Garroy)

Le Pétangeois Arthur Abreu, 5 buts sur les trois derniers matches, vient de nous sortir en une semaine deux buts somptueux, faits de classe, de vista, de vivacité.

C’est nous, où il commence à y avoir de l’écho dans les performances remarquables d’Arthur Abreu? Pour le dernier match de Paolo Amodio à la tête du Titus, contre Rumelange, l’ailier pétangeois avait fait l’amour à la défense de l’USR et plus particulièrement à l’expérimenté Siebert, qu’il avait transformé en simple piquet avant de délivrer une passe décisive à Smigalovic.

Il y avait tout dans cette accélération. Le timing, l’audace, la classe, le tranchant. Pris isolément, c’était un coup d’éclat. Mais voilà que toute cette semaine dernière, Abreu nous a montré que l’éclat, ce pourrait bien être son ordinaire.

Des uns contre uns pour rire avec Matias, après les séances

Il y a eu d’abord ce bijou de fin de match contre Käerjeng (3-1). Bilan : deux défenseurs humiliés et une frappe du gauche en lucarne opposée pour sceller le score. Il y a eu ensuite un slalom géant contre Rosport (0-2). Bilan  : trois défenseurs cloués sur place et une ouverture du score. Et cette statistique, flatteuse : sur les trois dernières rencontres de DN de Pétange, il a inscrit cinq des sept buts de son club.

Il nous revient alors cette phrase datant d’il y a quatre ans et signée Marc Thomé : « Il a le même style que Johan Cruyff. » L’ancien coach du FCD03 (NDLR  : où il avait appris à connaître l’attaquant) l’avoue  : on s’était foutu de lui, à l’époque. « Et maintenant, des gens viennent me voir pour me dire que j’avais raison. »

Samedi dernier. On est à la veille de déplacement au Camping. Alors que Manuel Correia et ses gars rentrent au vestiaire après la mise en place, tout le monde cherche Abreu. Il en manque un autre : Yann Matias. Tous les deux sont restés cachés sur le terrain pour se faire… des uns contre uns. « Ils se font des petits paris comme ça », rigole Correia, qui a mis son veto à cause de l’état des terrains, même s’il comprend qu’après un long mois et demi de compétition largement perturbé par une préparation tronquée (10 semaines de repos pour un souci aux ligaments du genou), Abreu s’éclate à nouveau. Et ses adversaires, eux, le sentent passer.

« Il voit toujours très bien les espaces, analyse Ben Vogel, dont la défense rosportoise s’est fait cingler ce dimanche. En plus il va vite, personne ne le suit. Son but contre nous, il n’est pas exceptionnel, mais quand même : il faut le mettre celui-là! » « On voit clairement qu’il ne se pose pas de question, annonce Jérôme Winckel, gardien de Käerjeng et victime il y a une semaine. On ne s’attendait pas à ça (NDLR : son slalom sur le but), pas à ce moment du match. Il faut vraiment être libre dans sa tête et bien physiquement pour tenter ça. » Et encore plus pour le réussir.

«Son premier contrôle est toujours offensif»

À 22 ans, Abreu est aujourd’hui le 3 e  meilleur joueur du Grand-Duché et pourrait bien nous réserver encore quelques miracles avant la fin mai. Car ce garçon possède à l’évidence un style tout en évitement qui va au-delà du simple sens du dribble. « C’est vrai, avec lui, il n’y a pas duel, valide Thomé. Il a une faculté d’élimination unique au Luxembourg et quand tu arrives à l’attraper, il ne dit jamais rien. C’est simple, il n’a peur de rien et ne râle pas. Il se relève et il joue. »

Correia aussi, s’enflamme pour un joueur qu’il suivait aussi à distance dans ses toutes jeunes années, juste parce qu’il lui a «toujours plu»  : « Il a un truc qui n’existe pas chez quelqu’un d’autre au Luxembourg  : son premier contrôle est toujours offensif, jamais défensif. Il va toujours droit au but. » Bref, on en reparlera forcément en bien avant la fin de saison. Et il faudra peut-être un jour demander à Luc Holtz ce qu’il en pense, qui sait?

Julien Mollereau