Depuis le temps qu’il proclame son envie d’entrer dans le grand monde, Differdange, qui embête souvent le F91 en pure perte ces dernières saisons, peut lui ravir sa 1re place ce dimanche, et prendre date avec force.
Deux entraîneurs nous ont fait une grâce exceptionnelle, en prélude du choc de ce week-end : Pascal Carzaniga et Dino Toppmöller ont évité de nous dire que le Differdange – F91 ne vaut «que trois points». C’est gentil à eux.
Ne pas se laisser aller à enfoncer des portes ouvertes quand on s’apprête à disputer une rencontre entre invaincus et candidats officiels au titre est un luxe de seigneurs. C’est que tous deux doivent avoir conscience qu’il se jouera un peu plus qu’une rencontre ordinaire. Et c’est Differdange qui va rendre, justement, cette partie extraordinaire.
Fabrizio Bei, quand il a présenté Pascal Carzaniga à la presse le 22 mai dernier, avait redit très officiellement ce qu’il disait depuis plusieurs mois déjà, de façon officieuse, à savoir qu’il en a soupé de gagner la seule Coupe de Luxembourg – même si cette dernière reste une formidable maîtresse – et que, désormais, il veut s’attaquer au titre de champion. Le «saladier», comme il l’appelle. Les ambitions, c’est pour lui, la pression, c’est pour «Caza» et tout le monde en prend son parti. Y compris le F91 et le Fola, qui devaient bien se douter que Differdange n’allait pas se contenter systématiquement d’une simple place sur le podium (deux fois troisième et une fois deuxième ces trois dernières saisons).
Mieux que les trois saisons précédentes
Nous y voilà. Après un début de saison qui l’a vu réaliser l’exploit de remonter deux fois deux buts en infériorité numérique face à Strassen (4-4), mais aussi faire acte d’autorité face à la Jeunesse (3-1) ou se montrer d’un froid réalisme face au Progrès (2-0), le FCD03 est un petit peu mieux que lors des précédents exercices à son arrivée en automne. Après huit journées, la saison passée, il pointait à quatre longueurs du Fola et cinq du F91. En 2014/2015, il ne comptait qu’un point de retard, mais avait déjà concédé quatre nuls qui en disaient long sur sa poussivité. Et puis, en 2013/2014, il était à deux points mais comptait trois défaites. Bref, son état de forme du moment, au-delà de son manque de réalisme criant devant le but, est plus que bon. Et surtout, il a cette certitude géniale qu’en battant Dudelange, il lui passera devant.
C’est loin d’être inenvisageable. Le FCD03 n’a perdu qu’un seul de ses 31 derniers matches de DN à la maison (il y reste d’ailleurs sur onze succès consécutifs). Et puis, il arrive encore au F91 de se chercher un peu. Renverser le champion en titre là, sur un match qui permettrait de lui passer devant, aurait une force énorme pour le projet differdangeois.
Le F91 a assez d’expérience pour gérer un éventuel faux-pas, mais le FCD03, lui, y gagnerait une énergie vitale qui pourrait lui donner l’envie de croire que cette saison peut être la bonne. Et Dudelange n’a pas intérêt à laisser se développer ce genre de croyance. Ce n’est pas bon pour son business, déjà qu’il faut lutter à deux pour le titre depuis quatre ans, si en plus il faut gérer les ambitions d’un troisième larron…
«Ils s’approchent encore et encore»
Les hommes de Toppmöller, de toute façon, vont bien aussi, merci pour eux. En passer quatre au Progrès Niederkorn avec un Da Mota blessé en tribunes et un Quercia qui n’a pas encore pu faire ses débuts alors qu’on annonce à son sujet que la très grosse artillerie va débarquer, n’est pas une petite performance sans relief. C’en est une grosse.
Le technicien allemand se méfie forcément de ce Differdange «qui se rapproche encore et encore», qui n’a laissé qu’un point sur six possibles à son club la saison passée, mais il l’assène : « On est forts ! » Or une équipe de costauds ne laisserait pas passer l’occasion d’envoyer un message et de tuer l’espoir dans l’œuf.
Julien Mollereau
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