Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Strassen a perdu sa place de leader et subi sa première défaite de la saison, hier, chez une équipe de Differdange qui peut encore remercier Omar Er Rafik, auteur d’un but somptueux.
Le FCD03, qui ira à la Jeunesse lundi prochain, est, doucement mais sûrement, en train de réintégrer le peloton de tête.
C’est fou comme un sujet peut devenir ringard d’une minute à l’autre. Hier, jusqu’à la 58e minute, tout le monde se demandait pourquoi Patrick Grettnich, qui s’appuyait à raison sur les mêmes hommes depuis le début de la saison, avait décidé de se passer de ses deux meilleurs buteurs, Mickaël Jager, remplaçant, et Gilson Delgado (huit réalisations à eux deux sur les 18 de l’UNA), carrément en dehors du groupe des seize. Blessure de dernière minute? Coup de pompe? Sanction consécutive à un écart de conduite? Ni l’un ni les deux autres. «Je suis coach, voilà, je dois faire des choix», justifiera Grettnich au coup de sifflet final. Un coup tactique donc. Jusqu’à la 58e, le leader Strassen se faisait copieusement bouffer, mais résistait grâce à la maladresse differdangeoise et aux prouesses de Chioato. Ce n’était pas du grand Strassen, mais la beauté du spectacle était justement là. Un promu, qui a déjà tenu tête au F91 (2-2, 3e journée) et terrassé le Fola (4-2, 5e j.) était en train de regarder un autre européen dans les yeux, du moins au niveau du tableau d’affichage.
58e : Jager entre 59e : Er Rafik marque
Et puis Grettnich a fait entrer Jager (58e) et l’effet a été immédiat. Mais pas l’effet auquel on pouvait s’attendre… Omar Er Rafik s’est levé le ballon et envoyé en l’air en même temps que le Parc des sports, cloîtrant Chioato sur ses appuis grâce à un amour de retourné acrobatique, qui a fini sa course en pleine lucarne (1-0, 59e).
Il fallait un exploit individuel et celui d’Er Rafik en est un sacré pour débloquer la situation. On ne dira pas qu’elle était alors critique, mais le FCD03 était particulièrement agaçant à ne pas vouloir profiter des cadeaux que la défense de Strassen lui faisait. Et des cadeaux, il y en a eu un paquet. Mais à chaque fois, quelque chose clochait. Quand Er Rafik et Luisi ne s’imposaient pas une talonnade en guise de dernière passe (27e et 28e), Ribeiro envoyait le ballon dans les nuages (35e).
Trop de relances manquées et de glissades évitables au milieu de terrain ont vite fait comprendre que Strassen n’y arriverait jamais. Mais Kerger, d’un retourné aussi magnifique qu’improbable, maintenait l’espoir en sauvant sur sa ligne une reprise de volée dévissée de Ribeiro, qui avait lobé Chioato (31e).
Le but d’Er Rafik a tout changé et si Marc Thomé veut trouver une satisfaction ce matin, c’est bien celle de ne pas avoir eu à trembler jusqu’au bout, comme cela a trop souvent été le cas par le passé. Toni Luisi, bien servi par Mathias Jänisch, ajustait Chioato à l’entrée de la surface (2-0, 64e). Ce n’était pas la soirée du réalisme, et l’attaquant de Strassen Christopher Rondel, qui a échoué trois fois face au géant Julien Weber (7e, 61e, 77e), peut le dire mieux que n’importe qui. Mais Differdange s’est créé définitivement trop d’occasions hier pour ne pas infliger à Strassen la première défaite en DN de son histoire.
Matthieu Pécot
