Le F91 a obtenu dimanche le 12e titre de champion de son histoire en arrachant un nul inespéré face à Wiltz (1-1). Il bat le Fola au goal-average. Que c’était chaud!
L’entraîneur wiltzois Pascal Lebrun l’avait espéré avant la rencontre:«Un match nul et on fera la fête tous ensemble.» C’est chose faite. Wiltz est barragiste, tandis que le F91 a obtenu le titre de champion et peut désormais se tourner vers la finale de la Coupe, dimanche au stade Josy-Barthel, contre Mondorf.
Le F91 est champion. Bravo à lui. Difficile d’aller plus loin dans les compliments, en tout cas pour l’instant. Il a été le meilleur sur l’ensemble du championnat, c’est un fait que les mathématiques valident, mais la fin de son championnat a été tellement laide qu’on peine à retenir ce qui s’est passé lors des 22 premières journées, au cours desquelles Jonathan Joubert et ses coéquipiers avaient cumulé 19 victoires et 3 nuls avec une réelle maîtrise.
Les récentes défaites au Fola et face à Differdange, et le nul ramené de Mondorf pouvaient s’expliquer, à la limite. En revanche, en étant le plus indulgent du monde, on a du mal à pardonner l’affreux match livré hier. Il n’a pas eu d’incidence sur l’histoire, puisque le F91 vient de glaner son 12 e titre sur les 17 dernières années. Mais hier, il était tout petit. Une seule équipe devait trembler sur la pelouse du stade Jos-Nosbaum et c’était Wiltz. Ce Wiltz qui a subi sa plus lourde défaite de la saison début août face au… F91 (0-6). Ce Wiltz qui avait perdu ses 10 derniers matches ici même avec 4,8 buts encaissés en moyenne. Ce Wiltz qui avait même pris un douloureux 15-0 en 2010.
Mais les Nordistes ont un certain orgueil et une vraie éthique. Quand le grand Edis Osmanovic a ouvert le score sur un penalty qu’il s’était lui-même procuré (0-1, 41 e ), Etzella était déjà mené de trois buts par Rosport et l’exploit qui était en train de se dessiner ne servait pas à grand-chose. Mais les joueurs de Pascal Lebrun, bien qu’au courant de ce scénario qui leur offrait une autoroute vers le barrage, ont continué d’étaler leurs tripes sur la pelouse. Ils ont défendu comme des chiens et sans leur enlever une miette de leur mérite, ils n’avaient pas non plus à gérer une grosse poussée adverse.
C’est tout le drame de Dudelange. Ne pas avoir été à la hauteur d’un rendez-vous qu’il n’avait pas le droit de manquer. Comment expliquer le fait que lors des 45 premières minutes, il n’a cadré qu’une frappe, un vague coup franc de Da Mota sur lequel Ruffier n’a pas eu besoin de se salir (16 e )? Oui, le F91 est plus fort que Wiltz et cela devait finir par se vérifier. N’empêche, la tête de Nakache sur la barre (45+2) et celle de Stelvio sur le poteau (66 e ) rappelaient d’abord que le F91 était en train de vivre une des plus longues périodes sans marquer de son histoire.
L’ambiance était pesante, le public sifflait quand un silence de mort ne s’installait pas. Puis la nouvelle est tombée : le Fola était passé devant Differdange et, pendant 17 minutes, les Eschois ont été virtuellement leaders.
La lumière est venue de Dikaba
Et puis la lumière est arrivée de là où on ne l’attendait pas. Des pieds de Rodrigue Dikaba. Des 25 mètres, il enchaînait : contrôle de la poitrine en pivot, reprise du coup de pied. Le ballon finissait sous la barre d’un Ruffier impuissant (1-1, 73 e ). Dikaba avait tous les droits, y compris celui de se prendre un carton jaune parce qu’il avait enlevé son maillot pour fêter ce chef-d’œuvre. Son but n’était pas qu’esthétique, il était vital et permettait d’éviter ce qui aurait été incontestablement le plus gros fiasco de l’histoire du F91. Après 4 h 25 sans marquer, le F91 retrouvait le droit chemin et mettait la main sur un titre qui n’allait plus lui échapper. Parce que Wiltz, aussi loyal soit-il, n’avait ni la force ni le besoin de se transcender, son barrage étant acquis.
Alors quoi? Alors on a envie de féliciter Michel Leflochmoan pour son come-back victorieux. Quoi qu’on en dise, MLF, c’est six saisons sur le banc du F91 et six titres. Mais ce match a trop ressemblé au premier de la saison à domicile, quand les Dudelangeois, qui arboraient alors le même maillot fluo qu’ils sortent pour les grandes occasions, sortaient pitoyablement de l’Europa League en perdant contre les étudiants de l’UC Dublin. La saison du F91 ne se termine pas comme elle a commencé. Mais c’est fou comme elle y ressemble. Allez, on le répète quand même : le F91 est champion, bravo à lui!
Matthieu Pécot
Réactions
Michel Leflochmoan (entraîneur du F91) : «Je me suis marié le 22 mai 1976. Je fête aujourd’hui mes 40 ans de mariage, alors ce titre, c’est un cadeau pour mon épouse. Tous les jours, elle m’attend pendant que je suis au foot. Je tiens à féliciter mes joueurs. Ils ont été un peu tendus sur la fin, je le reconnais, mais ils ont réussi à aller chercher ce titre qui est amplement mérité. Même si on a pioché à la fin, on a été leaders pendant 21 journées, tout de même! Dans l’ensemble, le F91 a retrouvé le sourire. Le club est apaisé. Aujourd’hui, c’est que du bonheur. Mon avenir, c’est secondaire.»
Romain Schumacher (président du F91) : «C’était tellement stressant! C’était extrêmement chaud, on égalise sur un coup de dés, mais ça aurait tout aussi bien pu basculer de l’autre côté. Il faut analyser la dernière phase du championnat. Il y a des choses à revoir. J’ai une pensée pour le Fola, qui perd le titre pour quelques buts.»
Jonathan Joubert (F91) : «C’est le 10 e titre pour moi (NDLR : 9 avec le F91, 1 avec Grevenmacher). Au départ, on pensait que ce serait assez simple, mais on a perdu contre le Fola et Differdange, ce qui peut arriver, mais ça nous a fait du mal. Aujourd’hui, on savait que ça serait dur et ça s’est confirmé. Si on ne met pas un but venu d’ailleurs, je pense qu’on n’aurait pas marqué. Gagner dans la souffrance, c’est toujours joli. En route pour le doublé!»
Rodrigue Dikaba (F91) : «On savait que le Fola menait, c’était délicat. C’est le plus beau but de ma carrière. Je n’ai pas réfléchi. Je vois le ballon arriver, je contrôle de la poitrine comme je peux, le ballon monte et je le reprends instinctivement. C’est aussi le but le plus important. Il y avait beaucoup d’émotion. J’ai pensé à mes enfants, à ma famille, à toute la ville de Dudelange, au club. Oui, on a eu du mal, mais on s’est arrachés pour aller le chercher.»
Sanel Ibrahimovic (F91) : «Quand on a perdu au Fola, ça s’est compliqué pour nous. Mais c’est la fin qui compte! Maintenant, j’espère qu’on va faire le doublé. C’est mon premier titre de champion, c’est pour vivre ça que j’ai signé ici. Les gens de Wiltz (NDLR : son ancien club) m’ont félicité. C’est normal, je les ai sauvés plein de fois!
Joël Pedro (F91) : «On aurait préféré gagner, mais ce nul nous suffit. On n’aurait jamais pu penser il y a quelques semaines qu’on aurait autant de mal à être champions mais dans deux semaines, tout le monde l’aura oublié et ne retiendra que le palmarès.»
Pascal Lebrun (entraîneur de Wiltz) : «Si Dudelange est un beau champion? C’est un champion, point. Ils n’étaient pas sûrs d’eux aujourd’hui. Ce but venu d’ailleurs les a soulagés.»