Michel Leflochmoan a grand-ducalisé ce F91 qu’on a de tout temps assimilé à un bastion de mercenaires. En cette fin de saison, c’est presque six Luxembourgeois qui sont en moyenne titularisés à chaque journée de championnat dans les rangs du champion.
Il est loin le temps où les entraîneurs adverses aigris s’amusaient à compter le nombre de sélectionnables assis sur le banc du F91 pour stigmatiser ce grand qui gagnait en allant acheter du joueur étranger très loin et très cher. Qu’est-ce qui a changé?
Aujourd’hui, il lui arrive encore d’acheter très cher, mais tout près (Turpel), voire de guetter les bons coups de fin de contrat (Moreira de Sousa, Schnell), ou encore de se baisser pour ramasser (Pedro)… et de remporter enfin un titre placé clairement sous le sceau du joueur luxembourgeois conquérant.
60 % des buts, 64 % des passes décisives
Il ne faut pas minorer l’«événement». Dudelange a investi dans les bons chevaux (beaucoup d’observateurs prédisaient à Moreira de Sousa un temps de jeu famélique en passant de la Jeunesse au F91). Mais il a aussi pris le temps d’en faire monter certains en puissance sans céder à la tentation de retourner en arrière (Malget a été façonné lentement, Pedro n’est devenu que lentement le patron qu’il est aujourd’hui), voire a fait de la place pour permettre à certains d’exploser (Turpel aurait sûrement dû continuer à partager avec l’encombrant Jahier si le Français avait été conservé).
Et puis il y a ceux qui ont traversé récemment des petites crises de confiance (Da Mota), mais qui ont été remis en selle.
Bref, il y a bien des grincheux qui chercheront à minorer la montée en puissance de ce noyau dur arrivé déjà bien formé au stade Jos-Nosbaum, mais le fait est là : le mettre en ordre de bataille de la sorte et en faire la fondation de l’équipe était loin d’être évident il y a de ça encore deux saisons, même si le club n’a pas pris non plus des risques fous.
Quatre des cinq joueurs les plus utilisés en Division nationale par Michel Leflochmoan cette saison sont luxembourgeois. Seul Dikaba se glisse entre Joubert, Schnell, Da Mota et Pedro. Soixante pour cent des buts de l’équipe ces dix derniers mois ont été inscrits par des sélectionnables. Ainsi que 64 % des passes décisives.
Confronter ces chiffres à la somme de talents étrangers, réels ou supposés, qui patientent souvent sur le banc ou en tribunes (Benzouien, Benajiba, Marques, Ney, Cruz, Clepkens, Adler…), constater aussi que le F91 est le dernier très grand pourvoyeur local de la sélection, c’est remettre les choses dans le bon sens : ce titre, c’est vraiment le titre des Luxembourgeois.
Julien Mollereau
Ils sont champions du temps de jeu
Il y a finalement peu de joueurs non sélectionnables à avoir la régularité suffisante pour leur prendre du temps de jeu. Il n’y en a qu’un dans le top 5.
1. Jonathan Joubert 2 340 min
2. Rodrigue Dikaba 2 131
3. Dan Da Mota 1 896
4. Joël Pedro 1 885
5. Tom Schnell 1 845
6. Sanel Ibrahimovic 1 820
7. Dave Turpel 1 787
8. Alexandre Laurienté 1 714
9. Clayton Moreira de Sousa 1 657
10. Kevin Nakache 1 636
11. Jerry Prempeh 1 633
12. Kevin Malget 1 268
13. Julien Humbert 1 100
14. Stelvio 816
15. Romain Ney 534
16. Grégory Adler 451
17. Yassin Benajiba 403
18. Sofian Benzouien 371
19. Frédéric Marques 326
20. Dylan Deligny 55