Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Une semaine après la claque reçue à Differdange (3-0), la Vieille Dame est tombée, à La Frontière, face à Mondorf. Cette fois-ci, c’est grave.
La Jeunesse est 5e de DN ce matin et au regard de ce qu’elle a montré dimanche, c’est très bien payé. Elle a désormais six matches pour faire taire tous ceux qui ont raison de jaser aujourd’hui.
Évidemment, cette défaite face à Mondorf est une sale affaire pour la Jeunesse. Mais on ne peut pas dire qu’on ne l’a pas vu venir. Il suffit de retourner une semaine en arrière.
Dimanche dernier, la débâcle à Differdange (3-0) avait largement dépassé le cap du mauvais coup réalisé au niveau comptable. C’est la manière qui avait interpellé. Puisqu’on vit dans un monde de raccourcis, tout le monde était tombé sur Carlo Weis. Paraît que ce fiasco n’était que tactique. On parlait de sa défense à cinq comme on parle d’un crime. Dimanche, face à un adversaire d’un calibre bien moins imposant que le FCD03, Weis a sorti trois victimes de cette raclée (Fernandes, Kintziger et Vitali) et aligné un 4-4-2 qui a surtout ressemblé à un 4-2-4 en première période, quand les Eschois ont fait le jeu. Ce n’était pas le Brésil, mais les intentions étaient à peu près là.
Corral sur la barre, Yao impressionnant
Le drame de cette histoire, c’est que, malgré ce léger sursaut, les Bianconeri ont été incapables de dicter leur loi à une équipe de Mondorf qui a fait un immense pas vers le maintien grâce à son succès à la Frontière. La défaite d’hier n’est à mettre ni sur le compte de la tactique ni sur le dos du mental. La faillite eschoise a été technique et c’est peut-être ça le plus triste. Les Eschois auraient pu éviter qu’on en arrive à ce constat, mais ils ne l’ont pas fait. Sur un raid de Delgado côté droit, Corral ne cadrait pas sa frappe du gauche (11 e ). En pivot, l’ancien attaquant de Käerjeng touchait ensuite la barre (20 e ). Après s’être appuyé sur Sardarian, le buteur maison Momar N’Diaye bouclait la mi-temps par une grosse praline que Da Costa détournait joliment en corner (45+1).
Pour s’éviter de réaliser une série de disette qu’on n’avait plus vue depuis onze ans du côté de la Grenz, la Jeunesse aurait dû en avoir plus dans le moteur. Car, en face, ce n’était pas n’importe quel Mondorf. Celui qui vient d’engranger 10 points sur 12 possibles et n’est plus le même depuis les arrivées hivernales de Patrik Teixeira et Fabrice Yao, qui a dévoilé un peu plus son potentiel dimanche.
Tout sauf un hasard si ce dernier a ouvert le score sur un but plein d’opportunisme : chahuté dans un duel par Teixeira, Mélisse laissait son vis-à-vis fusiller Oberweis, qui ne pouvait rien faire d’autre que repousser le ballon dans les pieds de Yao (0-1, 69 e ). Les bruyants supporters de l’USM n’avaient pas le temps de célébrer leur buteur ( «Fabriiiiice « Yahoo »» ) qu’ils s’affolaient pour le but du break : le ciseau un peu raté d’Olivier Marques se transformer en passe décisive pour Anel Pjanic (0-2, 73 e ).
Même le plus fou des fans eschois ne pouvait pas espérer une «remontada». Les lacunes dans la construction du jeu étaient bien trop grandes pour envisager quoi que ce soit d’autre qu’une immense désillusion. Pour marquer le coup, Carlo Weis n’effectuait aucun changement, ce qui n’était jamais arrivé cette saison et peut être interprété de deux manières : soit il a voulu laisser les onze coupables dans la m… jusqu’au bout, soit il est l’heure de se rendre compte que l’effectif eschois n’est pas si étoffé qu’on pouvait le penser en début de saison.
Matthieu Pécot
5 matches de suite sans victoire : du jamais vu à Esch depuis 2005
Après le F91 (1-2), Rumelange (1-1), le Fola (1-1) et Differdange (3-0), la Jeunesse a enchaîné une cinquième rencontre d’affilée sans gagner face à Mondorf (0-2). Il faut remonter 11 ans en arrière pour trouver une telle série. Les Eschois de 2004/2005 avaient bouclé l’exercice par un nul et trois défaites avant d’entamer la saison 2005/2006 par une défaite. Avant d’enchaîner cinq victoires de suite!
Réactions
Carlo Weis (entraîneur de la Jeunesse) : «Celle-ci fait plus mal que celle de Differdange. On a pourtant vu une Jeunesse qui voulait faire des choses, très orientée offensivement… Il nous manque un buteur qui aurait pu reprendre les ballons qui ont traîné dans leur surface. Mondorf, qui était bien organisé, a converti les deux occasions qu’il a eues. Pas besoin de chercher un coupable, on prend deux buts sur deux erreurs!»
Fabrice Yao (Mondorf) : «C’était dur, mais on s’est battus comme des chiens. Mes coéquipiers m’avaient averti que la Jeunesse était l’un des plus grands clubs du Luxembourg, alors ça fait plaisir. Mon but? Teixeira s’arrache côté droit, il frappe et le gardien la relâche. D’habitude, je ne marque pas des buts de renard, je préfère quand ça vient d’une belle action, c’est plus mon style!»
