C’est un F91 expérimenté et solide qui s’est présenté face à un Titus trop joueur et trop jeune. Alors forcément…
S’il a eu des occasions de perdre cette rencontre, le leader l’a remportée grâce à un orgueil qu’il lui fallait montrer et au poids des ans aussi.
Il fallait bien que le Titus le découvre un jour ou l’autre. L’inexpérience, ce n’est pas qu’un concentré de fraîcheur séduisant, ça coûte aussi des points. Le petit Dirk Carlson, que quelques sorties internationales n’ont pas transformé d’un coup de baguette magique en monstre de rigueur, s’est ainsi fait piéger comme ce qu’il est : un petit jeune qui a encore énormément à apprendre. Stolz, huit ans de plus et quelques matches professionnels au compteur, lui a expliqué la vie le long de la ligne de sortie de but, jusqu’à laquelle le défenseur pétangeois a été infoutu d’accompagner le ballon, en arrachant un penalty (1-0, 28e).
«Oui, on a fait des bêtises», reconnaît Correia. Pas que, pas que. Mais ce Titus toujours aussi rafraîchissant a péché hier dans le réalisme et cela aussi, ça s’acquiert avec le temps. En tout cas, celui qui est nécessaire dans les grands rendez-vous.
Ainsi, Abreu a manqué le coche à deux reprises. En filant dans le dos de la défense sur une belle remise en une touche de Bojic, mais seul devant Joubert, il se heurte au talon du portier dudelangeois (21e). Puis en repartant du principe qu’on peut provoquer un penalty et se faire justice soi-même (lire ci-contre), il bute sur Joubert au lieu d’égaliser (38e).
«Nous voulions montrer notre vrai visage»
On se laisse griser par l’euphorie, là. Pétange a joué et c’est suffisamment rare, les équipes qui s’autorisent à traiter d’égal à égal avec le F91, qu’on en viendrait presque à minimiser la performance du leader. Or il s’est laissé porter par une charnière centrale remarquable d’autorité (assistée par un Joubert magistral les deux seules fois où il l’a fallu), un Da Mota percutant en diable et une acceptation des duels (nombreux) qui lui ont permis d’imposer son âge et son expérience. Rien d’étonnant à cela, selon Dino Toppmöller : «Nous voulions montrer le vrai visage du F91 aujourd’hui, après notre performance de Käerjeng. On en a parlé toute la semaine à l’entraînement et on a été très costauds, avec une vraie mentalité de gagnants.»
Le F91 a d’ailleurs bien accéléré en deuxième période. Il a fallu une main ferme d’Amodio pour repousser à bout portant un petit pointu de Dikaba (48e), puis l’intervention in extremis de D. Skenderovic pour dévier au ras du poteau un tir de Da Mota (51e), qui mettra une tête au-dessus de la barre (64e) et enfin un autre bout de Pétangeois qui traînait dans la surface pour contrer une tentative de Stolz partie pour faire mouche et qui a finalement rasé la lucarne (77e). Le Titus, qui n’avait toujours pas choisi d’être sage et continué à jouer, a fini par le payer après une perte de balle à la construction, aux quarante mètres. Stolz est lancé en pleine surface et A. Skenderovic un peu en retard au tacle. Le penalty est pris par Turpel (laissé sur le banc pour sa prestation terne contre l’UNK), qui trouve le petit filet (2-0, 69e).
Alors que Pétange réclamera encore deux penalties en fin de rencontre mais ne les obtiendra pas, son hôte va achever de lui mettre sa fessée déculottée sur un contre de Da Mota que D. Skenderovic pousse au fond de son but sous la pression de Turpel (3-0, 90+1). Le Titus est trop doué, trop tôt, et il a désormais le derrière tout rouge. Il n’empêche : ce qu’il a montré au stade Jos-Nosbaum confirme tout le bien qu’on pense de lui, et aussi que son inexpérience ne le discrédite pas complètement dans la course à l’Europe. Il faudra compter avec lui.
Julien Mollereau