En panne d’inspiration, la Jeunesse, qui visait une cinquième victoire de suite, a été ralentie hier par le RFCU (0-0), malgré sa supériorité numérique et dans une ambiance électrique.
Les deux équipes ont frappé sur le poteau, mais c’est bien la Jeunesse qui sort de la rencontre avec le plus de regrets.
Les Eschois n’ont pas sauté au plafond, hier, au coup de sifflet final, et on les comprend. Pour tout dire, ils avaient une autre priorité : participer à un gros règlement de comptes avec leurs adversaires qui n’a miraculeusement pas accouché d’une bagarre générale (lire par ailleurs). Sur le terrain, ils avaient une occasion en or de tirer profit du nul entre Differdange et le F91 (2-2), mais ils ont échoué dans cette entreprise.
Les Bianconeri peuvent se réfugier derrière un arbitrage franchement pas génial, mais ils valent mieux que ça. Okay, l’arbitre a sûrement dû réfléchir à deux fois avant d’estimer que Mboup n’avait pas fait faute sur Molnar en pleine surface (17e). Mais les coéquipiers de Marc Oberweis ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Le 0-0 d’hier ne veut pas dire que les Racingmen ont défendu vaillamment. Point d’héroïsme dans la prestation d’hier, bien au contraire.
Le premier quart d’heure a mis en lumière des gros soucis dans la relance. Toute la défense s’y est mise. Le gardien de but Philippe Hahm a ouvert le bal avec une passe molle que Momar N’Diaye n’était pas loin de transformer en but (9e). Puis Pap Mboup, Kevin Lacroix et Gerson y sont allés de leur relance risquée et ratée. On ne flinguera jamais une équipe joueuse, mais franchement, le RFCU avait-il les moyens, en tout cas hier, de faire le malin dans ce domaine? Un Johan Bellini, resté sur le banc tout l’après-midi, n’aurait pas été de trop pour venir apporter un peu de poésie.
Le premier reproche que l’on peut faire à la Jeunesse se trouve là : comment ne s’être pas servi de cet immense point faible pour mettre un peu plus d’intensité dans le pressing? À chaque semblant de sprint sur le porteur du ballon, le Racingman en question a paniqué. Si les Eschois ont agi de la sorte, c’est aussi parce que Carlo Weis s’est rendu dans la capitale avec prudence. «Les consignes étaient de bloquer Hennetier, qui nous faisait un peu peur. Il avait fait deux passes décisives le week-end dernier à Rumelange et l’empêcher d’être dangereux était primordial. C’est pour ça que côté gauche, on a surtout défendu», expliquait Carlo Weis au coup de sifflet final.
Si Jonathan Hennetier n’a pas été décisif hier, on ne peut pourtant pas distribuer de bons points à Marvin Martins et Alexandre Vitali. Le premier tarde à retrouver son niveau d’avant sa rupture des ligaments croisés et donne encore l’impression de jouer avec le frein à main. Le deuxième n’a pas franchement rassuré et ronflait même carrément sur un long ballon anodin balancé par Mboup. Dans le dos de Vitali, le très bon Lahoussine déboulait et centrait pour Jahier, qui ratait un but qu’il a déjà marqué mille fois dans sa carrière (19e).
Rouge pour Hahm et deux poteaux
Dans un jour où les coups francs fonctionnaient très mal, Momar N’Diaye a tout de même failli être le héros eschois. À la réception d’une action qu’il avait amorcée et d’un centre en retrait de Corral, il ouvrait son pied et trouvait le poteau gauche de Hahm (43e).
Et puis Hahm décida de craquer… Sur un long ballon eschois, Corral touchait le ballon à l’entrée de la surface et se faisait découper par le gardien du RFCU. Un carton rouge direct censé faciliter la vie des Bianconeri, mais qui a surtout permis aux joueurs de la capitale de montrer un tout autre visage.
Entré à la pause, Fine Bop y était aussi pour beaucoup dans le renouveau des joueurs de Fabien Matagne. Mais c’est Idir Mokrani, cinq minutes après son entrée en jeu, qui se procurait l’occasion la plus nette. Sur une passe en profondeur de Jahier, il avait tout son temps pour ajuster Oberweis… mais touchait le même poteau que N’Diaye en première mi-temps. La Jeunesse n’a pas assez mis de feu dans cette rencontre pour embraser le stade Achille-Hammerel. Ken Corral a bien essayé, mais même quand il cadrait sa tentative, il tombait sur un Jason Gonçalves inspiré (72e). Même le troisième gardien du RFCU suffisait pour empêcher la Jeunesse de grimper sur le podium, hier.
Matthieu Pécot