Vaincu par la maladie, le Luxembourgeois Ben Gastauer (AG2R – La Mondiale) a été contraint à l’abandon au pied du Tourmalet en compagnie de son coéquipier belge, Johan Vansummeren.
Ce n’est jamais agréable, mais quelquefois, lorsque le corps se met en mode «rien ne va plus» , c’est la seule chose à faire. Se laisser traîner quelques mètres en roue libre, les derniers de ce Tour de France. Se retourner, dégrafer son dossard et rentrer dans la voiture chargée de récupérer ceux qui, comme Ben, ne peuvent en réchapper. C’est la grande faucheuse du Tour. Elle a pris dans ses lames, hier, six coureurs dont deux éléments de l’équipe AG2R La Mondiale, Ben Gastauer, donc, et son coéquipier belge, Johan Vansummeren, cabossé de partout.
Il était un peu moins de 16 heures, lorsque Radio Tour a crachoté la mauvaise nouvelle. Son affection des voies aériennes supérieures l’avait trop affaibli pour qu’il puisse décemment poursuivre le match. Un peu plus tard, sur les coups de 17 h 30, il rejoignait en vélo, en compagnie de son coéquipier Johan Vansummeren qui, lui aussi, venait d’abandonner, le bus de son équipe, en bas de Cauterets.
«Dès le début de l’étape, rapportait-il après coup, j’ai souffert, j’étais le premier lâché du peloton. Ensuite, on s’est retrouvés dans un groupe de dix et on est parvenus à revenir au pied du col d’Aspin. Mais j’ai encore sauté. J’ai compris que ce serait très compliqué. Je me suis accroché jusqu’au pied du Tourmalet et là, je ne voyais plus comment, dans mon état, je pouvais rentrer dans les délais. J’avais déjà plus de 16 minutes de retard, et je me retrouvais tout seul…»
« La tête avait envie, mais le physique n’était pas là »
«Bien sûr je suis très déçu, reprenait-il, j’aurais bien voulu continuer ce Tour, mais à un moment, ça devient compliqué. La tête avait envie de continuer mais le physique n’était pas là. Ce sont des choses qu’il faut accepter. Cette année, ce n’était pas mon Tour…»
On l’interrogeait sur ce qui avait bien pu se passer, sur la nature de ses pensées au moment, de lâcher, d’appuyer sur le bouton stop. «On pense à quoi? Je ne voulais pas arrêter, je me suis dit : « T’as travaillé pour ça, ça va aller. » Au bout d’un moment, on réalise que ce n’est plus possible, il faut arrêter. C’était également une journée difficile pour l’équipe avec nos deux abandons et les leaders qui souffrent. J’espère que ça ira quand même…»
À deux pas de là, Jean-Christophe Péraud venait d’arriver. En larmes, il s’était effondré dans les bras de son épouse. Il venait de connaître une nouvelle journée de désillusion. «Le bilan est catastrophique, expliquait-il au non des siens, puisque Romain Bardet, l’autre leader, était, lui aussi, malade. J’ai eu un coup de chaud dans l’Aspin et j’étais en perdition dans le Tourmalet. Il n’y a rien à sauver.» Sauf l’honneur : «Il reste de belles étapes, j’aimerais retrouver un semblant de jambes.»
De notre envoyé spécial à Cauterets, Denis Bastien