Le chef du gouvernement de la Flandre, le nationaliste Geert Bourgeois, a ravivé les tensions avec les francophones en Belgique en affirmant que « les Flamands crachent » sur la propension des Wallons à partir en grève.
Comme chaque 11 juillet, la Flandre commémore lundi la victoire des troupes flamandes sur l’armée du roi de France, Philippe le Bel, lors de la Bataille des Eperons d’or en 1302. Le ministre-président de la région flamande (60% des 11,5 millions de Belges) a sans surprise saisi cette occasion pour rappeler le crédo indépendantiste de son parti, la Nouvelle-alliance flamande (N-VA).
Evoquant sur une chaîne flamande des grèves récentes plus suivies dans la partie francophone du pays qu’au nord néerlandophone, M. Bourgeois a estimé dimanche que « les tensions communautaires n’ont pas disparu ».
« Au contraire, elles sont plus fortes que jamais. Cela a mené à ce que la frontière linguistique devienne aussi une frontière de la grève, et les Flamands crachent sur cela », a lancé M. Bourgeois.
« Ce n’est pas un vocabulaire pour un ministre-président, les caricatures n’ont jamais apporté de solution », a réagi lundi le Premier ministre fédéral, le libéral francophone Charles Michel, évoquant un « manque évident de respect » tout en souhaitant éviter de polémiquer.
Au pouvoir depuis octobre 2014, la coalition gouvernementale, composée de trois partis flamands, dont la N-VA, et de la seule formation francophone de M. Michel, a officiellement mis les questions « communautaires » sous l’éteignoir jusqu’à la fin de la législature, après la crise de 2010-2011 au cours de laquelle le pays avait vécu 541 jours sans gouvernement de plein exercice.
Mais les dirigeants de la N-VA comme M. Bourgeois ou le maire d’Anvers, Bart De Wever, rappellent régulièrement à leur base électorale, déçue de cette tiédeur et à nouveau tentée par l’indépendantisme radical du Vlaams Belang (extrême droite), qu’ils entendent relancer la marche vers l’autonomie dans trois ans.
Les dernières déclarations de M. Bourgeois, jugées insultantes côté francophone, ont également été critiquées en Flandre. La numéro deux de M. Bourgeois au sein du gouvernement flamand, la chrétienne-démocrate Hilde Crevits, a expliqué que dans son parti, « nous ne crachons pas sur les gens ».
« Je n’ai pas dit que je crachais sur qui que ce soit », s’est défendu lundi M. Bourgeois. « Mais les Flamands apportent leur soutien à ce que j’ai dit. Les provocations, ce sont les grèves sauvages », a-t-il maintenu.
Le Quotidien / AFP