A peine l’UMP rebaptisée « Les Républicains », la compétition reprend de plus belle pour la désignation du candidat à la présidentielle de 2017 en France. Alain Juppé, une nouvelle fois sifflé par des militants sarkozystes, a renouvelé ses mises en garde sur la primaire après le discours très offensif de Nicolas Sarkozy.
Une belle photo de famille…. et quelques couacs. Tous les prétendants à l’Elysée en 2017, déclarés ou non, se sont exprimés à la tribune du congrès « refondateur » des « Républicains » samedi à Paris, de Christian Estrosi à Xavier Bertrand, de Nathalie Kosciusko-Morizet à Bruno Le Maire, François Fillon, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.
L’ancien chef de l’Etat, grand ordonnateur de la séquence, s’est offert un discours de quarante-cinq minutes sur la République mais aussi contre la gauche, François Hollande et sa « terrible médiocrité ».
« Un certain vocabulaire qui fait un peu trop monter la pression, qui attaque les personnes, c’est pas mon genre de beauté », a réagi dimanche Alain Juppé, opposant son « objectif de concorde » aux « objectifs de division » des Français qui seraient ceux de Nicolas Sarkozy.
Surtout, M. Juppé mais aussi François Fillon, ancien Premier ministre comme lui, ont essuyé huées et sifflets parmi les quelque 10 000 personnes présentes Porte de la Villette. Preuve que la compétition présidentielle sera rude en dépit de cette démonstration d’unité.
« Pour moi, ces sifflets, c’est la résurgence de l’ancien parti », a regretté dimanche Nathalie Kosciusko-Morizet. « Vous pouvez siffler tout ce que vous voulez, à partir du moment où il y a une primaire, ce sont les Français qui vont trancher », a lancé la N.2 de l’ex-UMP, que le Journal du Dimanche décrit « sur la sellette » tant sa liberté de parole « agace » M. Sarkozy.
Désormais habitué à ce traitement de faveur particulier au sein de son propre parti, Alain Juppé a rapidement évacué ce nouvel épisode. En revanche, l’ancien Premier ministre a lancé un très clair avertissement sur les contours de la primaire prévue à l’automne 2016 qui conditionnent sa participation. Il n’hésite pas à dire qu’il a une confiance limitée en Nicolas Sarkozy sur cette organisation.
« Si ça se passe bien, si les primaires sont transparentes, s’il y a suffisamment de votants, si c’est bien des primaires de la droite et du centre, je jouerai totalement le jeu ». Mais « si le match, c’est les primaires des Républicains entre Le Maire et Sarkozy, ça ne marchera pas » et ce sera donc sans lui, a-t-il prévenu dimanche.
Traduction: le camp Juppé veut des garanties, lui qui craint d’être enfermé dans un processus limité à la seule ex-UMP. « Il faut maintenant rentrer dans le vif du sujet sur l’organisation matérielle de la primaire. Et ne pas nous dire qu’on ne s’en occupe pas parce qu’il y a les régionales! Il faut un comité d’organisation, et très vite », a résumé auprès de l’AFP l’un des lieutenants du maire de Bordeaux, Benoist Apparu.
Sans Alain Juppé, « ce ne serait pas des primaires », « ce serait une catastrophe pour tout le monde », a averti Nathalie Kosciusko-Morizet.
En attendant, l’intéressé s’est dit « déterminé à gagner » et convaincu de l’emporter. « Nicolas Sarkozy a le parti. Moi, pour l’instant, j’ai l’opinion, et j’organise ma petite PME. Parfois il arrive que des PME performantes soient plus efficaces que des grandes entreprises du Cac 40 », a glissé M. Juppé qui, n’ayant « rien à cacher », a indiqué avoir déjà recueilli quelque 600.000 euros de dons pour mener campagne.
AFP