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Basile Camerling (Fola) : « C’est presque un miracle »


Basile Camerling va enfin retrouver les terrains. Pour courir d'abord. (photo Renato Brandjolica)

Deux mois après sa très lourde opération au visage, Basile Camerling reprend le chemin de l’entraînement, ce mercredi soir, avec ses coéquipiers du Fola. Le plus dur est derrière lui. Sa fracture de l’arcade sourcilière, l’horrible intervention chirurgicale aussi. Restent forcément des séquelles psychologiques.

Le Quotidien : Peut-on vous demander, tout simplement, de vos nouvelles?

Basile Camerling  : Ça va. Les nouvelles du chirurgien sont bonnes  : je peux rejouer normalement, pas de problème. Maintenant, la peur que moi je peux avoir va jouer pas mal dans mon retour. Parce que psychologiquement, ce n’est pas facile.

Avant votre intervention pour un enfoncement de l’arcade sourcilière (NDLR  : à la suite d’un choc avec le défenseur central d’Etzella Gaël Kipeya) qui ne s’est arrêté que juste avant votre cerveau, le 31  octobre, vous évoquiez le risque très concret de ne plus jamais pouvoir jouer au football.

Pourtant, j’ai pu recourir sans souci pendant les vacances. Bon, ce n’était que des footings, hein, il n’était pas question d’aller dans des duels, de faire des têtes… D’ailleurs je ne pense pas que là, tout de suite, je me sentirais capable d’en faire, des têtes. J’ai encore des douleurs, c’est encore gonflé sur mon front, là où la plaque a été posée et qui tient avec trois vis.

Faudra-t-il rouvrir pour la retirer?

Non. Et d’ailleurs tant mieux, parce que je ne l’aurais pas fait. La première opération a été trop éprouvante. J’ai longtemps énormément souffert. Après l’intervention, je n’étais pas bien. Pas bien du tout, et pendant pas mal de temps. Pourtant, le professeur Simon, qui m’a opéré à Nancy, a effectué un travail formidable. On ne voit même pas la cicatrice. Je le remercie. C’est lui qui m’avait dit, avant de m’opérer, qu’il ne savait pas si je pourrais rejouer un jour. Et après avoir vu l’état de ce qu’il y avait à l’intérieur (sic), il m’a dit « pas de problème, tu peux rejouer ».

Totalement rassurant?

Bah… Il n’est pas footballeur, lui. Est-ce qu’il voit ce que c’est, la violence d’un choc en match. J’imagine que oui, mais je demanderai quand même un deuxième avis à mon médecin du sport.

Vous ne semblez qu’à moitié sorti de l’incertitude. Qu’en pense votre coach, Jeff Strasser?

Il est au courant de tout. Et s’il veut des détails supplémentaires, je les lui donnerai. Demain (NDLR  : ce soir), je reprends avec tout le monde et de toute façon, on ne va faire que courir. Mais quand viendra le moment des contacts, des têtes, peut-être est-ce moi qui dirai oui ou non. Ça je peux faire, ça non…

Pourquoi pas un casque, pour vous sécuriser au niveau mental?

C’est exactement la question que j’ai posée au chirurgien. Il m’a répondu qu’il n’y avait aucune contre-indication, qu’un casque, même en carbone, cela ne sert à rien  : ça ne me protégera pas plus que si je ne mets rien sur ma tête. À la limite, pour lui, c’est même pire  : ça va me faire croire que c’est sans danger alors qu’il sera le même que sans casque.

Vous y retourneriez, dans ce duel avec Gaël Kipeya? Vous oseriez encore une tête plongeante? Ou après une telle blessure, on ne peut pas être à nouveau le même joueur?

Me connaissant, il est possible que dans quelques semaines ou quelques mois, j’y retourne pareil. Mais je ne me suis pas rendu compte, sur le coup, de la dangerosité de ma tête. Était-ce une erreur de ma part? Je ne sais pas  : cela fait trop longtemps que je n’ai pas été sur un terrain, dans le feu de l’action, pour me rendre compte.

Il y a deux mois, quand seule votre santé primait, vous nous aviez dit que le fait de rejouer au football était le cadet de vos soucis. Et maintenant, le désir est-il revenu?

Il est même revenu étonnamment vite. J’étais si meurtri, à un moment, que je voulais de toute façon arrêter. Et maintenant, j’ai à nouveau envie. J’ai déjà connu beaucoup de blessures et je suis resté le même joueur. Cette fois, je ne sais pas.

Avez-vous eu des contacts avec Gaël Kipeya, finalement?

J’ai eu son agent au téléphone. Lui a essayé de m’appeler mais n’a pas réussi à me joindre. Il m’a laissé un message. Franchement, pour moi, c’est vraiment la moindre des choses. Chacun vit comme il le souhaite…

Vous serez heureux de revoir vos coéquipiers, on imagine?

Là, le plaisir, il va être moyen  : on ne va faire que courir. Mais oui, retrouver ce groupe va me faire plaisir parce que c’est presque un miracle. Je les remercie tous, joueurs et staff, car ils ont été très présents pour moi, très peinés quand je leur ai raconté mon opération et tout.

Vous leur avez tout raconté?

Oui. Pas de tabou.

Julien Mollereau