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Aurélien Joachim se pose bien des questions


Véloce et buteur en sélection, à un niveau international donc, Joachim restera-t-il la troisième roue du carrosse à Burton? (photo Mélanie Map's)

Le Luxembourgeois Aurélien Joachim, malgré le changement de coach à Burton, demeure assez sceptique quant à une évolution rapide de son statut de remplaçant.

En Angleterre, le téléphone passe mal à l’hôpital, mais Aurélien Joachim ne s’en formalise pas  : il y a de la friture sur la ligne depuis qu’il est arrivé à Burton Albion et ce ne sont pas ses récents petits pépins physiques qui le rendent plus audible. Sa visite, mardi, au Samuel Johnson Community Hospital n’avait de toute façon aucune chance d’arranger les choses.

Alors que l’homme qui l’a fait venir sur l’île mais ne lui a jamais laissé entrevoir autre chose que le banc de touche, Jimmy-Floyd Hasselbaink, vient de s’engager avec Queens Park Rangers, la tentation était forte d’aller demander à l’indéboulonnable attaquant de la sélection (pour l’instant) s’il espérait que son nouveau coach, Nigel Clough, changerait sa vie. Or sans être abattu ni résigné, «Auré» est quand même réaliste, c’est-à-dire dubitatif. Donc inquiétant.

Le Quotidien : Qu’est-ce que vous faisiez à l’hôpital? Il y a eu une alerte au genou, la semaine dernière, mais qui ne vous avait fait rater qu’une rencontre. On vous avait retrouvé fidèle au poste ce week-end, c’est-à-dire malheureusement sur le banc…

Aurélien Joachim : Je venais pour une piqûre dans le genou. C’est une injection pour mon cartilage. Après mon opération (NDLR  : en fin de saison dernière, alors qu’il évoluait au CSKA Sofia), j’en avais reçu trois en trois semaines pour protéger le genou. Là, après un faux mouvement à l’entraînement, vu que le cartilage a souffert, j’en refais une, mais juste par précaution.

Ce n’est donc pas la nouvelle la plus importante de votre semaine que le départ de Jimmy-Floyd Hasselbaink et la nomination en remplacement de Nigel Clough?

Oh, ça ne change pas grand-chose. Même les entraînements sont à peu près pareils.

Vous le connaissiez? Comment s’est-il présenté? A-t-il mené des entretiens individuels?

Pas avec moi en tout cas. Mais devant le groupe, il a bien dit qu’il n’allait pas apporter de modification majeure à ce que faisait Hasselbaink, vu que la recette a du succès. Et le peu qu’il peut avoir éventuellement envie de changer, je n’en ai aucune idée. Je pense que demain (NDLR  : mercredi), ou au pire vendredi, il va mettre son équipe en place pour ce week-end (NDLR  : un déplacement chez le 4e de League One, Gillingham, qui compte trois points de retard) et là j’en saurai plus. Mais vu qu’on a gagné le dernier match 2-0 (NDLR  : en fait 2-1, en match en retard contre Milwall, l’un des autres candidats à la montée), j’imagine qu’il ne va pas y toucher. Moi, je ne savais pas qui c’est. Il paraît que c’est un ancien joueur du club et que son père est célèbre mais bon, moi…

Et lui, vous connaît-il seulement?

J’imagine qu’il a dû voir quelques matches de championnat. Et sûrement aussi qu’il rattrape son retard en regardant des vidéos. En tout cas, c’est ce que moi je ferais. Mais s’il regarde des vidéos des matches de Burton, moi, il ne me verra pas souvent ( il rit )!

Les cartes ne vont pas forcément être redistribuées par l’arrivée de Clough si l’on vous suit bien…

Si, peut-être un peu. C’est bien pour tout le monde…

On ne vous sent pas convaincu.

Disons que, moi, je risque de passer Noël sur le banc. Mais je suis optimiste, hein! Je suis optimiste! Disons que, dans le football, tu n’as vraiment jamais rien d’acquis.

Après la galère en Bulgarie, vous n’aviez pas envie de croire, vu ce qu’avait fait Hasselbaink pour vous avoir, que justement vous pourriez peut-être retrouver des certitudes?

Bah… Hasselbaink est parti et on s’est serré la main, mais vous voulez que je lui dise quoi? On est premiers! Vous voulez que je dise quoi, à un coach qui a eu raison? Tout ce que je peux lui reprocher, c’est lui dire que par rapport au temps de jeu dont ils disposent, les autres attaquants ne marquent quand même pas énormément! Mais pour le reste, il a fait son travail. Et pour moi, c’est la merde.

Vous êtes plus résigné qu’en colère?

Bah… On ne me donne même pas ma chance. Il (NDLR  : Hasselbaink) m’a toujours dit que je l’aurai, mais je me rends compte que sorti des discussions pour ma venue et des matches amicaux, non, je ne l’ai pas eue.

S’il était resté au club, auriez-vous cherché à partir dès cet hiver?

Avec l’ouverture du marché des transferts, vu qu’il reste un mois et que ma situation n’aurait pas forcément évolué, c’était franchement mal barré. Mais je n’avais pas vraiment encore pris de renseignement pour savoir s’il y aurait moyen de partir.

Et si la situation n’évolue toujours pas sous Clough, comme vous semblez le craindre?

Alors on verra bien s’il y a moyen de trouver une autre solution. Mais des attaquants qui ne jouent pas et qui donc ne marquent pas, vous connaissez beaucoup de clubs qui en veulent, vous?

Vous avez au moins eu la chance de prouver le contraire en sélection, en scorant notamment contre la Grèce?

Ce n’est pas du tout la même chose, ce n’est pas le même football. Bref, maintenant qu’un coach est parti, moi, je dépends entièrement du nouveau. Et il n’est même pas dit que lui n’arrive pas avec ses joueurs à lui, avec, par exemple, un attaquant dans ses valises qui arrivera cet hiver… Tu ne sais jamais en football!

Vous regrettez votre choix d’avoir opté pour l’Angleterre?

Non, pas du tout.

Vous avez hésité.

(Il rit ) Non non, c’est vrai.

Vous aviez souligné, il y a quelques semaines, l’intelligence d’Hasselbaink, louant les qualités d’un coach qui savait décrypter ses adversaires et les empêcher de jouer. Sans lui, Burton, simple promu, peut-il durer à la place de leader qui le propulserait en Championship, l’antichambre de la Premier League?

Ah ça, c’est le temps qui nous le dira. Je n’en ai pas la moindre idée.

Et si vous ne partez pas cet hiver, Burton sera-t-il assez satisfait de vous pour prolonger votre contrat?

Je ne sais même pas quand il est prévu de se revoir pour évoquer la situation.

Vous avez quelles certitudes finalement?

Qu’on a un match le lendemain de Noël, un autre le 28 et un le 2 janvier. Donc mes parents vont monter, là, dans la semaine, pour passer quelques jours avec moi. J’ai quelques amis qui vont passer dans la foulée, mais comme une de nos rencontres sera à l’extérieur, je ne vais pas être très présent. On verra bien comment ça va évoluer…

Julien Mollereau