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Au Maroc, les proches de Driss et Moussa Oukabir « sous le choc »


Devant la maison de la famille Ouabir à Ripoll, en Espagne, le 18 août 2017. (Photo : AFP)

Sur les hauteurs du Moyen Atlas au Maroc, la bourgade sans histoire de Melouiya est tombée des nues après l’annonce de l’implication présumée des frères Driss et Moussa Oukabir, originaires du village, dans les attentats qui ont endeuillé l’Espagne.

Une tente Caïdale a été plantée dans un paysage rocailleux, à quelques mètres de la maison rudimentaire en pierre et en terre des Oukabir, initialement pour accueillir une cérémonie de mariage prévue de longue date, et qui s’est transformée en veillée funèbre. «La joie a laissé place à la tristesse et à la douleur», souffle Abderrahim, la quarantaine, un des oncles des frères Oukabir.

«Nous sommes sous le choc, complètement effondrés», enchaîne, les larmes aux yeux, leur père Said, entouré de membres de la famille, de voisins et d’amis venus lui présenter leurs condoléances. «La police espagnole a appelé aujourd’hui sa mère qui se trouve en Espagne, pour lui dire que Moussa était mort», dit-il peu avant l’annonce officielle vendredi soir par la police catalane.

Âgé de 17 ans, Moussa a été tué par un policier dans la nuit de jeudi à vendredi, avec d’autres assaillants. Ils avaient lancé à toute allure une Audi A3 sur la promenade de la station balnéaire de Cambrils, en Espagne. Son frère Driss, 27 ans, a lui été arrêté jeudi à Ripoll, une ville d’environ 10 000 habitants non loin des Pyrénées, avec trois autres personnes. Les deux attentats, à Cambrils et à Barcelone, ont fait 14 morts et près de 120 blessés.

Entre deux rives

«Nous sommes des gens simples, pacifistes. Nous ne connaissons ni le radicalisme, ni le terrorisme», dit un habitant de cette région sinistrée et majoritairement berbérophone nichée dans le centre du royaume, et dont l’économie repose essentiellement sur l’élevage, l’agriculture et le transfert d’argent des Marocains de la région établis en Europe, principalement en France, en Espagne et en Italie.

Said Oukabir est lui parti tenter sa chance de l’autre côté de la Méditerranée dans les années 1990, dans la province de Gérone en Catalogne. Son fils Driss, qui a passé son enfance à Aghbala, une commune rurale de 12 000 habitants à huit kilomètres du village natal, avait alors dix ans. Moussa, qui aurait fêté ses 18 ans en octobre prochain, est né à Ripoll. La famille vivait depuis entre Melouiya, Aghbala et son pays d’accueil.

L’annonce de l’implication présumée des deux frères dans les attentats qui ont frappé l’Espagne a manifestement suscité une onde de choc chez leurs proches, qui affirment ne pas les avoir vu se radicaliser. «Ils ne montraient aucun signe de radicalisation. Ils vivaient comme les jeunes de leur âge, s’habillaient comme eux», jure le père, carrure d’athlète et casquette vissée sur la tête.

«Moussa était un garçon gentil qui ne faisait de mal à personne. Il suivait ses cours normalement et devait passer son bac l’an prochain. Ces derniers temps, il a commencé à faire sa prière (…) mais ça s’arrêtait là». Mais il était jeune, pas encore mûr, et il s’est sans doute fait manipuler», poursuit-il. «Il était doux, toujours souriant. Il ne fumait pas, ne buvait pas», affirme son oncle, selon qui «toute la région est sous le choc».

Driss, lui, a «quitté tôt l’école pour travailler honnêtement et gagner sa vie», raconte le père. «Aujourd’hui il est entre les mains de Dieu et de la police. Il est sous le coup d’une enquête. J’espère qu’ils diront qu’il est innocent. Je n’ai pas envie de perdre mes deux fils».

Le Quotidien/AFP