Le prévenu qui a comparu mardi, devant la chambre criminelle du tribunal d’arrondissement, avait attiré avec la fille de sa concubine l’attention du personnel dans le vestiaire d’une piscine. Il risque deux ans et demi de prison.
Les faits reprochés remontent au 16 juillet 2011. Ce samedi après-midi-là, le prévenu originaire du Cap Vert, âgé aujourd’hui de 43 ans, s’était rendu avec la fille de sa concubine à la piscine, rue des Bains à Luxembourg. C’est après être sorti de l’eau que l’homme avait attiré l’attention du personnel.
Les trois témoins ont fait part de leurs observations, mardi à la barre. «J’ai vu des pieds d’homme qui dépassaient de la cabine dame», a ainsi déclaré la femme qui, le 16 juillet 2011, s’occupait du ménage dans les vestiaires de la piscine. En regardant en-dessous de la cabine, elle avait vu un homme assis à terre avec une fille. Sa collègue de l’époque confirme ces observations, tout en ajoutant que l’homme était encore en érection en sortant de la cabine. Elle explique également avoir été surprise en découvrant que «c’était encore une enfant».
L’homme et la fille de sa concubine étaient sortis de la cabine, qui fait à peine 1 m², après que le maître-nageur avait frappé contre la porte. Comme le loquet n’était pas mis, cette dernière s’était ouverte et il avait aperçu l’homme, nu, assis sur le banc avec la fille accroupie. Ce qui laisse conclure le témoin : «Ils n’étaient pas là pour s’habiller.» Toujours d’après le témoin, une fois sorti de la cabine, l’homme était mal à l’aise, en sueur et il avait lâché à l’enfant en portugais : «Tu ne dis rien !» Le personnel de la piscine avait appelé la police.
L’enquêteur en charge du dossier a précisé, mardi devant la chambre criminelle, qu’au moment des faits, l’enfant se trouvait depuis trois semaines au pays. Elle venait du Brésil accompagnée de sa mère. Selon lui, les déclarations de la victime sont claires : la fille souhaitait une glace « Shrek », elle était allée chercher le porte-monnaie, quand elle était revenue dans la cabine, l’homme était nu.
«Je n’ai le droit de rien dire à maman, sinon…»
L’enquêteur note encore que dans aucune de ses déclarations il n’a été question de pénétration. «Je n’ai le droit de rien dire à maman sinon…», avait également laissé entendre la victime.
Selon le médecin spécialiste en neuropsychiatrie, le prévenu n’est pas atteint de troubles personnels. Lors de son passage à la barre, il a entièrement contesté les faits qui lui sont reprochés. «C’est faux. Il ne s’est rien passé», a-t-il affirmé avant de déclarer : «Elle essayait de me séduire». Il n’a toutefois pas fourni d’explication quant au fait de s’être rendu dans une cabine dame pour se rhabiller.
À la fin de son audition, la présidente de la chambre criminelle, Sylvie Conter, a constaté : «Il n’y a pas grand-chose dans sa déposition qui laisse supposer qu’il voulait que la fille sorte de la cabine. On entend juste qu’elle voulait le séduire. Mais sur les questions importantes, il n’apporte aucune réponse.»
D’après le substitut du procureur d’État, Michèle Feider, les déclarations des témoins sont corroborées par celles de la fillette. Les incohérences soulevées par la défense s’expliqueraient par le fait que les témoins ne sont pas arrivés en même temps dans le vestiaire. «Pour moi il n’y a aucun doute. Dans la cabine, il y a eu des attouchements de l’homme sur la fille», retient-elle.
Le parquet relève, en outre, la circonstance aggravante qu’au moment des faits, le prévenu avait l’autorité sur la victime : «La mère lui avait confié sa fille pour aller à la piscine.» Pour l’infraction d’attentat à la pudeur, le parquet requiert deux ans et demi d’emprisonnement assortis d’une amende. Le 25 juin, le tribunal rendra son jugement.
Fabienne Armborst