Un homme déjà en prison dans une affaire de trafic d’armes était toujours interrogé en garde à vue, mercredi avec sa compagne, dans l’enquête sur les attentats de janvier.
Connu des milieux d’extrême droite du nord de la France, Claude Hermant, 52 ans, qui se présente comme un indicateur des douanes et de la gendarmerie, avait été extrait de sa cellule mardi pour entamer sa garde à vue. Elle a été prolongée une première fois mercredi matin et peut durer 96 heures.
Les enquêteurs de la sous-direction antiterroriste (SDAT) l’interrogent car des armes découvertes dans l’arsenal d’Amédy Coulibaly, le tueur de Montrouge et de l’Hyper Cacher, avaient été achetées par une société de sa compagne entre juillet et novembre 2014. Il s’agit d’un fusil d’assaut et de quatre pistolets semi-automatiques Tokarev retrouvés dans le supermarché casher et dans l’appartement occupé par Amédy Coulibaly à Gentilly (Val-de-Marne), où il semble avoir préparé les attaques.
D’après l’enquête, ces armes, en provenance de Slovaquie, démilitarisées, étaient passées par un intermédiaire en Belgique avant d’être revendues à la société de la compagne d’Hermant. Cette société en avait commandé environ 80, des pistolets ou des fusils d’assaut, selon une source proche du dossier. Les enquêteurs cherchent à savoir comment les armes ont été remilitarisées. Mis en cause par des témoins dans l’enquête, Claude Hermant a assuré aux enquêteurs lillois « être un informateur de la gendarmerie et des douanes dans des affaires de trafic d’armes et de stupéfiants ». D’après ses dires, « sa compagne achetait des armes. Il s’en servait ensuite comme d’appâts pour infiltrer certains milieux ».
Fin janvier, lors de sa garde à vue à Lille, il avait confié, selon la même source : « les dernières actualités (…), ces événements horribles, je parle bien des attentats de Paris, ont fait tilt dans ma tête ». En voyant les informations, et « notamment le type d’arme (…), j’ai pris conscience que ces armes citées aient pu être des armes que j’ai été amené à fournir » à un autre trafiquant présumé, « une cible très intéressante » à qui il aurait remis « 40 à 45 pièces ».
Claude Hermant assurait qu’il était en lien avec les gendarmes, mais que n’ayant plus de nouvelles de ses agents traitants, il avait « continué à travailler » avec ce trafiquant présumé, Samir L., qui a nié les faits lors de sa mise en examen.