Un choix de stabilité et de « cohérence »: Richard Ferrand est en passe de devenir le prochain président de l’Assemblée nationale après avoir décroché dès le 1er tour lundi l’investiture des députés LREM, épargnant ainsi à la Macronie une autre crise en cette rentrée compliquée.
Ce Congrès de Tours n’aura donc pas fracturé la majorité, divisée sur les questions de renouvellement et de féminisation des hautes fonctions de l’État, mais qui a finalement accordé au patron de groupe Richard Ferrand une avance confortable (64,26%) sur sa principale challengeuse Barbara Pompili (29,21%). Il sera officiellement intronisé mercredi, après un vote dans l’hémicycle où la majorité absolue des députés LREM (312 sur 577) lui offre des certitudes sur son déménagement à l’hôtel de Lassay, succédant à François de Rugy parti au ministère de l’Écologie.
Même si Richard Ferrand s’est défendu d’être le candidat « chouchou » du chef de l’État, et que le gouvernement a assuré qu’il n’y avait eu « aucune consigne de vote », ce choix est un soulagement pour l’exécutif, soucieux de ne pas déstabiliser la majorité à l’approche d’importants textes législatifs, à commencer par les discussions sur le budget 2019. Futur quatrième personnage de l’État, Richard Ferrand, âgé de 56 ans, a promis de « poursuivre le travail de modernisation » de l’Assemblée initié par François de Rugy. Surtout, son rôle sera crucial dans la négociation avec le président du Sénat Gérard Larcher lorsque l’examen de la révision constitutionnelle, interrompu en juillet, reprendra.
Chaises musicales à LREM
Seul nuage pour lui, l’affaire des Mutuelles de Bretagne, qui l’avait contraint à quitter le gouvernement dès le début du quinquennat et pèse encore comme une épée de Damoclès sur la suite de son parcours.
Candidate malheureuse, l’ancienne secrétaire d’État sous Hollande et actuelle présidente de la commission du Développement durable de l’Assemblée, Barbara Pompili (ex-EELV), a souligné qu’elle était « une grande démocrate et donc (je) respecte le vote ». « Je regrette de ne pas avoir convaincu mes collègues », a sobrement lancé celle qui disait incarner lundi matin « un message d’audace, de renversement des codes, un message appelant à casser le plafond de verre pour les femmes ».
Dans un vaste jeu de chaises musicales, l’élection de Ferrand va déclencher une autre bataille : celle pour la tête du groupe LREM, pour laquelle « une inflation de candidatures » est crainte, selon plusieurs sources parlementaires. Le bureau du groupe doit se réunir lundi soir à Tours afin de fixer les modalités d’une élection qui se tiendra selon toute vraisemblance mardi 18 septembre. Pour l’heure, aucun profil n’émerge réellement et les conciliabules et spéculations allaient bon train lundi dans les coursives du palais des Congrès tourangeau en attendant les premières candidatures.
LQ/AFP