Le procès de l’assassinat de Porto Seguro a connu, lundi, un nouveau rebondissement. L’épouse de la victime, Brigitte D., a fini par faire des révélations.
Il aura finalement fallu trois élans à la prévenue Brigitte D. pour avouer qu’avant l’assassinat de Henri Z. à Porto Seguro le 25 octobre 2011, il y avait déjà eu une première tentative dans les Vosges.
Après avoir reçu une nouvelle occasion de s’exprimer en détail devant la chambre criminelle, l’épouse de la victime s’est avancée à la barre. C’est avec une petite voix, pas toujours audible au fond de la salle, que la prévenue a fini par affirmer que c’est Tania M. (qui se trouve à coté d’elle sur le banc des prévenus) et un certain G. qui lui avaient suggéré d’épouser Henri Z. et de le liquider par la suite.
À la fin du projet, G. aurait dû hériter d’un appartement et Tania M. recevoir de l’argent pour soutenir son fils, Diego M. Or la tentative d’assassinat dans les Vosges n’avait pas abouti. L’affaire s’était bien faite, mais l’homme de main engagé par G. n’avait pas réussi : Henri Z. s’en était sorti avec quelques égratignures. Toujours selon Brigitte D., c’est alors que Tania M. aurait donné l’idée de faire cela au Brésil. Son fils, Diego M., qui y vivait arrangerait l’affaire. G., quant à lui, n’aurait plus jamais voulu en entendre parler de ce projet.
Dans ces nouvelles déclarations, Brigitte D. est également revenue sur la soirée du 25 octobre 2011 lors de laquelle Henri Z. a été assassiné. Cela ne s’est pas fait sans difficultés. Il lui aura fallu un certain temps pour expliquer ce qui s’est exactement passé après qu’ils avaient quitté le restaurant où ils avaient dîné.
Brigitte D. confirme avoir été présente au moment de l’assassinat. Ce ne serait toutefois ni elle, ni Diego M. qui auraient exécuté Henri Z. «Les deux mecs ont tiré», a-t-elle enfin lâché sur l’insistance du président de la chambre criminelle. La prévenue explique par ailleurs que «Diego M. avait été chercher les deux hommes dans un quartier pauvre» avant de les conduire sur le lieu du crime.
À part que Henri Z. a été abattu à l’extérieur du véhicule, Brigitte D., n’a toutefois pas livré davantage de détails, lundi. «Je ne regardais pas», a-t-elle précisé avant d’ajouter que Tania M. lui avait dit qu’elle était allée voir les hommes avec son fils Diego M. auparavant. «Il est petit, il fait peur», lui aurait confié Tania M. à propos d’un des deux.
«C’est un monstre de sang-froid»
Brigitte D. ne sait toutefois pas si les tueurs avaient déjà reçu un acompte avant de passer à l’acte.
Comme Brigitte D., Tania M. a eu une nouvelle occasion de s’avancer à la barre. «Elle ment», a-t-elle clamé avant d’interpréter les révélations de Brigitte D. de vengeance. «Moi je n’ai pas vu les hommes», conteste-t-elle également.
«Quel serait l’intérêt de Brigitte D. de se charger autant, sans contradiction, pour vous charger en même temps?», l’a donc interrogé le président de la chambre criminelle, Prosper Klein, sans pour autant recevoir de réponse claire.
«C’est un monstre de sang- froid», a enfin accusé Tania M. l’épouse de la victime. Sur quoi, le président lui a rappelé que Brigitte D. avait été pendant de longues années sa meilleure amie. «J’étais toujours bourrée, c’est pour cela que je n’ai pas remarqué que c’était un monstre», avait répliqué Tania M.
Or pour la chambre criminelle, la déclaration de Brigitte D. «a tous les accents de la sincérité». Les juges notent par ailleurs que la révélation concernant l’incident dans les Vosges met fin aux doutes quant à la question de la compétence territoriale de la justice luxembourgeoise pour l’assassinat commis au Brésil. Car ce dernier a bien été planifié au Luxembourg.
Fabienne Armborst
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