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Arbitre de BGL Ligue agressé : « Ma main était couverte de sang »


Alex Krueger, en arrêt de travail, garde le moral après son agression au stade Émile-Mayrisch. (photo Julien Garroy)

Alex Krueger, agressé dimanche à l’issue du match RFCU – Hamm, est revenu sur cette fin de week-end si particulière. L’arbitre refuse d’envisager d’arrêter le football.

Touché par une canette en plein visage, l’arbitre, enseignant dans le «civil», s’est vu prescrire trois jours d’arrêt de travail.

Le Quotidien : Comment allez-vous?

Alex Krueger  : Hier (lundi), ça allait à peu près, j’avais seulement mal à la tête et au nez, mais je pense que c’était grâce à l’adrénaline. Aujourd’hui, tout mon cou est bloqué, impossible de travailler et de rester debout cinq ou six heures. C’est bien simple, je ne peux plus bouger la tête. Mais on m’a dit que c’était normal que cela vienne de la sorte, après quelques heures. J’ai reçu un arrêt de travail de trois jours et je n’ai plus le droit de faire de sport pendant une semaine. C’est ça le plus triste  : je ne pourrai pas arbitrer ce week-end, alors que j’avais un beau match de D1 entre Erpeldange et Aischdall.

À quoi ressemblait cette agression? Un geste malheureux ou une intention délibérée de vous blesser?

La personne qui m’a fait ça m’a jeté cette canette de deux ou trois mètres de hauteur. J’étais dans l’escalier qui menait aux vestiaires. C’est vraiment un point noir dans ce stade Achille-Hammerel, mais je tiens à dire que j’étais entouré de trois ou quatre personnes du RFCU qui ont tout bien fait. Eux n’ont rien à se reprocher, c’était top! Cette personne en tout cas, m’a insulté avant de me jeter sa canette, mais aussi pendant et après. Après l’avoir reçue, cette canette, j’ai cru que tout était O.  K. avant de regarder ma main et de me rendre compte qu’elle était couverte de sang. Heureusement, le nez n’est pas cassé.

À quoi a ressemblé votre fin de dimanche?

Après le match, je suis allé directement à la police. C’était facile, elle est juste à côté. J’ai attendu 1  h  30 avant de pouvoir déposer ma plainte puis je suis allé au centre hospitalier. Je suis rentré à la maison à minuit. J’ai écrit mon rapport le lendemain, à 6  h.

Que dit-on à sa famille, dans ces des moments-là?

Ma femme, je l’ai prévenue directement par SMS parce qu’on ne sait jamais ce que la presse est susceptible de raconter à la radio. Et je lui ai envoyé une photo de mon visage. Elle m’a répondu qu’elle viendrait m’aider si elle pouvait mais avec nos deux enfants de 2 et 5  ans, ce n’est pas évident. Hier (NDLR  : lundi), mon petit garçon de 2  ans est venu prendre des nouvelles de mon nez en rentrant à la maison…

Ce n’est pas le genre de choses qui vous donne envie d’arrêter d’arbitrer?

J’ai fait la finale de la Coupe l’an passé, mais je veux vraiment faire mon 1  000 e  match. Je pensais franchir ce cap dans quatre semaines. Du coup, ce sera plutôt dans six ou huit semaines. En tout cas, ce n’est pas une seule personne qui va me faire renoncer à mon hobby. Et ma femme ne me demandera pas d’arrêter, elle sait que c’est ma passion.

Cette personne, puisqu’on en reparle, vous l’avez donc identifié?

En fait, je ne le connais pas du tout. Mais les gens du Racing sont parvenus à faire une photo et à me la donner. Je l’ai transmise à la police et à mes collègues arbitres. Dix personnes différentes ont réussi à me donner son nom et à me dire qu’il était affilié auprès de la FLF (NDLR  : à Brouch). Dimanche, au stade, il était avec sa femme et son enfant…

La grande famille du football luxembourgeois vous a témoigné de la sympathie, ces derniers jours?

J’ai reçu beaucoup de messages, oui, y compris de dirigeants de clubs. Mais aucune personne de Hamm n’a cherché à me contacter. J’ai vu qu’il y avait une polémique sur le but de Jahier. Mais je suis formel  : les mains que l’on voit en l’air appartiennent à un joueur de Hamm et Jahier marque de la tête. Mais c’est comme ça, on a l’habitude de chercher des coupables.

Le coupable, en l’occurrence, vous l’avez identifié comme étant un supporter de Hamm…

Je ne peux et je ne veux rien dire dire sur ce point. Comprenez-moi. J’ai écrit ma version et je l’ai transmise à la FLF. J’aurai peut-être le droit d’en reparler dans deux ou trois mois, quand tout sera fini…

Julien Mollereau