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Antenne-relais : une question de santé « controversée »


L'antenne géante installée à Soleuvre depuis le début du mois soulève les inquiétudes (Photo : Isabellla Finzi).

L’antenne de 44 mètres installée à Soleuvre fait parler. Toutefois Jean Huss, président d’Akut (Groupe d’action pour la toxicologie de l’environnement), explique que le wifi ou une conversation sur un smartphone ont davantage d’incidence sur l’électromagnétisme intérieur.

«C’est une question très controversée», prévient tout de suite Jean Huss, président d’Akut (Groupe d’action pour la toxicologie de l’environnement), en parlant des antennes-relais de téléphonie. Pas question pour lui de dire s’il y a un risque ou non avec la nouvelle antenne de Soleuvre. Il préfère expliquer la situation de façon plus générale : «D’un côté, il y a les opérateurs téléphoniques et le gouvernement qui défendent une version officielle assurant qu’il n’y a aucun risque pour la santé. De l’autre, il y a différents scientifiques et médecins de l’environnement indépendants qui indiquent que, selon la proximité de l’antenne et le type d’ondes (2G, 4G…), cela pourrait avoir un effet sur les cellules de notre corps. Certaines de nos hormones (comme la dopamine ou la noradrénaline) pourraient être modifiées par des radiations électromagnétiques, ce qui expliquerait les maux de tête ou les sensations de vertige décrits par certains. Des études en Allemagne ont montré que des personnes qui avaient été testées avant et après l’installation d’une antenne à proximité de leur domicile avaient subi des changements néfastes pour leur santé.»

Une étude qui n’est pas une preuve, modère-t-il, puisqu’elle s’est faite sur un groupe réduit et n’a donc pas de valeur épidémiologique, mais si cela s’avérait exact ce serait les enfants les plus sensibles à ce problème.

Pas égaux face aux ondes

Selon le président d’Akut, l’importance de la radiation intérieure dépend des matériaux de construction utilisés pour une maison. Jean Huss a lui-même une antenne-relais à proximité (environ 100 mètres) de son domicile, plantée sur les hauteurs du Galgenberg à Esch-sur-Alzette. Il a fait le test chez lui et les ondes sont à des taux tout à fait acceptables. Les arbres ou autres obstacles peuvent aussi avoir un aspect protecteur. Le temps d’exposition joue également un rôle. Enfin, «notre corps a des armes pour se défendre face aux ondes, grâce à nos enzymes ou nos défenses immunitaires», précise Jean Huss. Nous ne sommes donc pas égaux face à l’électromagnétisme.

D’autres sources plus importantes

Ce qu’il faut retenir, c’est «que ce n’est pas parce qu’il y a une antenne qu’il y a forcément des problèmes de santé, sinon avec le nombre d’antennes qu’on a il y aurait beaucoup plus de maladies», rassure l’écologiste. Il conseille tout de même aux habitants de Soleuvre de mesurer les taux d’électromagnétisme à l’intérieur de leur maison une fois que l’antenne fonctionnera. «De toute manière, les sources les plus importantes de radiation électromagnétique en intérieur proviennent d’une conversation téléphonique avec un smartphone ou du wifi installé dans la maison ou dans les écoles.»
Des milliers d’études ont été réalisées sur le sujet depuis une vingtaine d’années et elles se contredisent. Par exemple, certaines études tendent à montrer que l’électromagnétisme pourrait favoriser la maladie d’Alzheimer. À l’inverse, Gary Arendash, spécialiste américain de cette maladie et son équipe ont montré que la mémoire de souris âgées pouvait être améliorée grâce à une exposition intense à l’électromagnétisme, probablement en résorbant les dépôts d’amyloïdes dans le cerveau.

Audrey Libiez