Altice, le groupe du milliardaire Patrick Drahi, basé au Luxembourg, est en passe de racheter Portugal Telecom, quelques jours après l’acquisition de SFR et Virgin Mobile.
[Best_Wordpress_Gallery id= »13″ gal_title= »Altice »]Après s’être emparée de SFR et de Virgin Mobile, la maison mère de Numericable s’offre Portugal Telecom. (Photo : archives)
Altice, maison mère de Numericable, qui a finalisé la semaine dernière l’achat de SFR, deuxième opérateur français, et de Virgin Mobile, un opérateur virtuel qui compte 1,7 million de clients, est en passe de mettre la main sur Portugal Telecom, l’ex-monopole d’État portugais, avec une offre à 7,4 milliards d’euros.
Le groupe Altice, maison mère du français Numéricable, est en passe de racheter Portugal Telecom, après avoir annoncé dimanche soir être entré en négociation exclusive avec l’opérateur brésilien Oi. Altice a fait son offre sur la base d’une valeur d’entreprise de 7,4 milliards d’euros, dont 500 millions d’euros liés aux revenus futurs de Portugal telecom.
Altice avait déposé le 3 novembre une offre ferme de 7,025 milliards d’euros pour racheter Portugal Telecom, dont les actifs sont actuellement intégrés dans l’opérateur brésilien Oi. Après que les fonds d’investissement Apax et Bain Capital avaient fait une offre supérieure à 7,075 milliards d’euros, Altice est passé à 7,4 milliards.
Basé au Luxembourg, le groupe du milliardaire franco-israélien Patrick Drahi enchaîne donc une troisième acquisition d’importance en quelques jours. Jeudi dernier, Altice s’est en effet emparé de SFR pour 13,3 milliards d’euros, donnant naissance à l’ensemble Numericable-SFR, dont il détiendra 60 %. Jeudi également, Altice Numéricable a obtenu le feu vert de l’Autorité de la concurrence pour le rachat de Virgin Mobile. Voilà qui confirme la stratégie d’Altice en faveur de la convergence fixe-mobile et des offres «quadruple play» (internet, mobile, fixe, TV). Avec, à terme, la possibilité d’utiliser un même numéro pour les deux services, et un basculement plus facile au très haut débit fixe avec la fibre.
Hier à 14h, Altice gagnait plus de 6 % à la Bourse d’Amsterdam, suite à l’annonce des négociations exclusives sur le rachat de Portugal Telecom et ce malgré certaines interrogations sur sa capacité d’endettement.
> « Bonnes opportunités de synergie »
« Certains se demandent si Altice n’a pas les yeux plus gros que le ventre, mais Portugal Telecom est une acquisition qui présente peu de risques », assure Peter Boyland, analyste pour IHS Technology. Portugal Telecom « a une bonne base de clientèle dans un marché stable alors que le secteur montre des premiers signes prudents de reprise économique », ajoute-t-il.
Joost Vespers, analyste pour la banque néerlandaise Theodoor Gilissen, souligne pour sa part qu’Altice est déjà présent au Portugal, où il a racheté en 2012 le câblo-opérateur portugais Cabovisao et en 2013 Oni, prestataire de services de télécommunications pour les entreprises. « Il y a là de très bonnes opportunités de synergies », assure Joost Vespers.
Altice avait annoncé vendredi dernier s’être associé à la poste portugaise en vue du rachat de Portugal Telecom. Cet accord de principe avec le groupe postal portugais CTT est destiné à « développer des synergies » sur le marché des télécommunications au Portugal. Il est conditionné au rachat effectif de l’opérateur historique Portugal Telecom et stipule que CTT recevra jusqu’à 30 millions d’euros.
L’opérateur Portugal Telecom emploie près de 11 000 personnes et détient entre 40 et 50 % des parts de marchés de la téléphonie mobile, du haut débit et de la télévision au Portugal. La vente des actifs de Portugal Telecom met en péril la fusion en cours avec l’opérateur brésilien Oi, qui devait donner naissance à un géant lusophone des télécommunications.
Dans les faits, ces actifs avaient déjà été intégrés dans Oi au mois de mai, lors d’une augmentation de capital de l’opérateur brésilien qui n’a pas encore clarifié ses intentions sur la suite de la fusion.
> Une note confirmée à B3
Mi-novembre, l’agence de notation Standard and Poor’s avait abaissé la perspective du groupe Altice de « stable » à « négative » tout en confirmant sa note à long terme à B3, en raison des risques liés à sa politique d’acquisition active, avec dernièrement une offre sur Portugal Telecom.
Le changement de perspective reflète, selon l’agence de notation financière, la dégradation possible des ratios de crédit du groupe si « le prix (pour le rachat de Portugal Telecom) était plus élevé » que les 7,025 milliards d’euros proposés à l’origine ou si « la pression sur les marges d’Altice étaient plus importante qu’anticipée ».
L’agence reconnaissait toutefois que le profil de risque opérationnel d’Altice reste « satisfaisant » et que Portugal Telecom est « bien positionné sur les marchés du haut débit, de la TV payante et du quadruple play ».
Le Quotidien