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Allemagne : le renseignement préoccupé par le prosélytisme visant les réfugiés


Perquisition dans le local d'une association le 22 septembre 2015 à Berlin. (Photo : AFP)

Les services allemands de renseignement intérieur se sont dits mardi «préoccupés» par des tentatives de la mouvance islamiste radicale de recruter parmi les centaines de milliers de migrants arrivant dans le pays.

Par ailleurs, la police berlinoise a mené dans la matinée des perquisitions visant une filière présumée de recrutement pour envoyer des jihadistes combattre en Syrie.

«Le fait que des islamistes, sous couvert d’aide humanitaire tentent de détourner à leurs fins la situation des réfugiés en faisant du prosélytisme et en tentant de recruter, nous préoccupe grandement», indique dans un communiqué le Bundesamt für Verfassungsschutz (Office de protection de la Constitution, renseignement intérieur).

«Nous faisons particulièrement attention aux jeunes réfugiés non accompagnés qui pourraient être des proies faciles pour les islamistes», estime-t-il, notant «le potentiel de radicalisation important». Ces services n’ont à l’inverse aucune information crédible laissant penser que «des groupes jihadistes ont utilisé l’afflux de réfugiés pour infiltrer le territoire fédéral».

«Le nombre de salafistes en Allemagne a de nouveau fortement augmenté au cours des trois derniers mois» passant à 7.900 contre 7.500 trois mois plus tôt, relève encore l’Office.

Par ailleurs, selon le renseignement intérieur, au total quelque 740 personnes ont à ce jour quitté l’Allemagne pour rejoindre des groupe jihadistes comme l’Etat islamique (EI) en Syrie ou en Irak. Environ 120 d’entre eux auraient été tués.

«Un tiers environ d’entre eux est revenu (en Allemagne). Nous avons des données sur plus de 70 personnes qui ont une expérience de combat», précise le communiqué.

Perquisition à Berlin

Les perquisitions à Berlin visaient pour leur part une mosquée, une association voisine ainsi que des appartements dans le cadre d’une enquête sur une possible filière pour envoyer des combattants rejoindre le groupe EI. Un Marocain de 51 ans est soupçonné dans le cadre des investigations et un Macédonien de 19 ans serait déjà parti au combat en Syrie.

«Nous cherchons des éléments de preuves pour voir si ces accusations sont vraies», a dit à l’AFP un porte-parole de la police berlinoise présent sur les lieux, précisant que les enquêteurs ne prévoyaient aucune arrestation et qu’ils ne faisaient que procéder à des perquisitions.

«Il n’y a aucune indication que quelque chose se préparait en Allemagne», a-t-il ajouté, mais si des personnes sont amenées à partir combattre en Syrie «ils y gagneront une expérience de la violence et un jour ou l’autre peuvent revenir à Berlin».

Un photographe a vu les policiers sortant de l’immeuble abritant le lieu de culte en portant des sacs ainsi que des ordinateurs. Ils ont aussi évacué des lieux une femme portant le voile intégral et deux enfants sans les placer en détention.

Si l’Allemagne n’a jusqu’à présent pas été touchée par une attaque jihadiste d’ampleur, contrairement à d’autres pays européens, deux combattants germanophones revendiquant leur appartenance au groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie ont menacé le pays en août dernier.

Enfin, un Irakien, déjà condamné pour «terrorisme», a été tué la semaine dernière par la police à Berlin après avoir poignardé une policière. Les autorités n’ont dans l’immédiat pas évoqué de motivations jihadistes.

AFP/M.R.