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Sélection nationale – Ainsi soit Thill


Chez les Thill le football c'est une affaire de famille. (Photo : Julien Garroy)

Première sélection, premier but, premiers frissons. C’est peu de dire que Sébastien Thill, 21 ans, a réussi ses débuts internationaux. Mais par-dessus tout, le milieu du Progrès Niederkorn a rappelé qu’il était bien un Thill.

Zlatan Ibrahimovic a dit : «Les vrais hommes font des hommes.» La phrase peut faire sourire Serge Thill, 46 ans et père de quatre garçons. Olivier (18 ans) a découvert l’Europa League et la BGL Ligue cet été avec le Progrès Niederkorn. Vincent (15 ans) est dans le viseur des plus gros clubs européens et fait les beaux jours des U17 du FC Metz. Et puis Marek, 5 ans, joue pour les bambinis de Rodange et fait des heures sup à Metz, où on a déjà un œil sur lui.

Toute la petite famille était évidemment aux anges quand Sébastien (21 ans) a sauvé les Roud Léiwen, samedi soir, face à la Macédoine (1-0). «J’ai embrassé ma femme et j’ai vu mes fils sauter partout. Quand j’ai vu Séba toucher ses premiers ballons, je l’ai trouvé bon, j’ai dit à ma femme qu’il allait marquer», sourit Serge. Le soir, Olivier a pris soin du maillot de son héros de frangin, tandis que Vincent a dormi avec le sweat-shirt de Christopher Martins. Car chez les Thill, on dort, on respire et on transpire foot. Serge et sa femme Nathalie ont tous les deux été internationaux et ne sont pas étrangers à la beauté du but marqué par Sébastien, samedi. Contrôle de la poitrine, volée du gauche sous la barre de Pacovski. «Des fois, nous, on fait des choses auxquelles personne ne pense. J’ai toujours dit à mes fils de tenter des trucs. Le joueur qui se cache, il n’apporte rien. Pour le coup, il n’a pas eu le temps de réfléchir. C’est un but d’instinct», analyse Serge.

Fumeur et gardien de but héroïque

Entraîné par son père chez les jeunes du Progrès, Sébastien Thill a ensuite été couvé par Carlos Weis à Pétange. «Ce but, ça lui ressemble. C’est le geste parfait. Les Thill sont des joueurs d’instinct. Séba, il a énormément de foot. Il en a dans les deux pieds, dans la tête et dans le sang», encense Weis.

L’actuel coach de la Jeunesse a intégré le gaucher «maigrichon» aux entraînements du CS Pétange, alors qu’il n’avait que 14 ans et demi, avant de le lancer en BGL Ligue à 16 ans et 1 mois, l’âge légal étant de 16 ans… Le sorcier aux 88 sélections nationales a toujours fait partie de ceux qui considèrent que son poulain aurait dû être appelé beaucoup plus tôt par Luc Holtz : «C’est incompréhensible qu’il ne soit international que depuis samedi! S’il avait été appelé il y a quatre ou cinq ans, il serait 30 % plus fort aujourd’hui.»

Peut-être que si Thill n’a pas été convoqué plus tôt, c’est parce qu’il n’a pas toujours eu une hygiène de vie parfaite. Cet été, après un match énorme du milieu de terrain en Europa League contre Shamrock Rovers, Holtz lui a dit de se tenir prêt, mais aussi de lever le pied au niveau de la cigarette. «Il s’est calmé, il n’en fume qu’une de temps en temps», apprécie Serge. «Johan Cruyff a bien fumé toute sa carrière! Non, si Séba fait attention à ce qu’il mange, il a même le droit de boire une bière par jour», défend Carlo Weis. Le gaucher a fait des efforts dans ce domaine et c’est à peu près tout ce qu’il lui manquait pour prétendre frapper à la porte des Roud Léiwen.

Son but contre la Macédoine n’est pas que celui de l’instinct, il est aussi celui du culot. Il en fallait déjà, le 7 mai 2011, quand, à 17 ans, Sébastien se dévouait pour prendre les gants de Semin Redzepagic pendant une heure, pour n’encaisser que deux petits buts à Dudelange (3-0). Une semaine plus tard face à Käerjeng, rebelote : Philippe Felgen voit rouge et Thill file au but. Verdict de coach Weis : «Il avait été très bon, on avait tenu le 1-0 et il ne s’était presque pas servi des gants, il anticipait, il prenait la plupart des ballons avec la poitrine.»

Solide attaquant des années 90 (106 buts en DN, mais aucun en 14 sélections nationales), Serge Thill n’héberge sous son toit que des milieux de terrain. Mais plutôt très polyvalents. «Il y a quelque temps, j’étais invité chez la famille Thill, raconte Carlo Weis. Marek avait 3 ans, il m’avait demandé de me mettre dans les buts pour me tirer un penalty, car chez eux, il y a un grand but dans la cuisine. Le petit avait déjà un bon petit pied gauche. Puis à son tour, il s’est mis dans les buts.»

En attendant que les trois prochaines pépites du clan Thill viennent grossir les rangs des Roud Léiwen, la fierté familiale du week-end se prénommait bien Sébastien.

Matthieu Pécot

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