La fille du ministre Robert Boulin, retrouvé mort en 1979 en forêt de Rambouillet (Yvelines), a obtenu la nomination d’un deuxième juge d’instruction pour enquêter sur ce décès mystérieux, a indiqué vendredi son avocate Marie Dosé.
Ce deuxième juge a été nommé à Versailles « début 2019 » à la suite d’une demande faite le 9 novembre 2018 par Fabienne Boulin, a indiqué l’avocate, confirmant une information de 20 minutes. « La lenteur des investigations menées dans un dossier comme celui-là est extrêmement préjudiciable », a expliqué l’avocate, soulignant que les « témoins meurent » et que « les investigations se révèlent compliquées à réaliser si on laisse passer trop de temps ».
La demande a aussi été faite « parce que la collégialité est synonyme de neutralité. C’est important que Fabienne Boulin puisse ressentir la neutralité du positionnement des magistrats, ce qu’elle ne ressent pas pour l’instant », a déclaré le conseil.
Le corps de Robert Boulin avait été retrouvé le 30 octobre 1979 au matin, dans 50 cm d’eau, dans l’étang du Rompu à Saint-Léger-en-Yvelines. Officiellement, il se serait suicidé après avoir absorbé des barbituriques. La veille, en quittant le ministère de Travail, il avait déposé des dossiers confidentiels dans son appartement de Neuilly-sur-Seine puis était parti pour une destination inconnue.
Une quinzaine de témoins jamais entendus
Après un non-lieu rendu en 1991 et deux précédents refus de réouverture de l’enquête, une nouvelle instruction pour « arrestation, enlèvement et séquestration suivi de mort ou assassinat » a été ouverte en août 2015, à la suite d’une plainte de Fabienne Boulin. Elle a toujours soutenu qu’il s’agissait d’un assassinat politique et non d’un suicide.
En juin, lors d’une conférence de presse, Fabienne Boulin avait demandé à la justice d’accélérer l’enquête sur la mort de son père, se disant « très inquiète ». « J’ai l’impression qu’on passe à côté de l’essentiel, on passe à côté de témoins qui ne demandent qu’à être entendus », avait-elle déploré. Une quinzaine de témoins jamais auditionnés pouvaient l’être, avait alors indiqué Me Dosé, ajoutant que la préfecture de police avait également mis à disposition de la justice plusieurs archives non classifiées des services de police de l’époque, dont des documents ne figurant pas au dossier.
LQ/AFP