Christine Lagarde, reconnue coupable de négligence dans l’affaire de l’arbitrage Tapie mais dispensée de peine, fait l’objet d’une pétition réclamant « un vrai procès ». Lancée par un enseignant de la Sarthe, elle a déjà recueilli plus de 200 000 signatures.
Considérant ce jugement comme « insupportable » et « dangereux pour la paix sociale », Julien Cristofoli, professeur des écoles au Mans, a lancé une pétition sur Change.org. « Le 13 mai dernier, une personne sans domicile fixe de 18 ans, qui s’était introduite dans une maison de Figeac pour y voler du riz et des pâtes par nécessité, a été condamnée à 2 mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Cahors », commence le texte de présentation de la pétition. « Ce 19 décembre 2016, Madame Christine Lagarde vient d’être jugée coupable par la Cour de justice de la République tout en étant dispensée de peine », poursuit-t-il.
« Voilà maintenant que les puissant(e)s seraient dispensé(e)s de la justice ordinaire, et surtout de ses sanctions ! » s’indigne l’enseignant de 35 ans, qui interpelle les présidents de la République, de l’Assemblée nationale et du Sénat pour exiger que Christine Lagarde réponde « de ses actes devant un tribunal correctionnel ordinaire » et que la Cour de justice de la République (CJR) soit supprimée.
Le signe d’une « crise démocratique »
Lancée le 19 décembre, la pétition a recueilli plus de 210 000 signatures. « Il ne s’agit pas de gouverner par des pétitions, mais on voit bien qu’il y a une crise démocratique derrière le fait que cette pétition marche aussi bien, remarque Julien Cristofoli. Le monde politique a à répondre à l’interpellation de 200 000 citoyens. »
La CJR, composée de trois magistrats professionnels et douze parlementaires, n’a rien trouvé à reprocher à l’ancienne ministre de l’Économie concernant le lancement en 2007 d’une procédure d’arbitrage pour solder un vieux contentieux entre l’homme d’affaires Bernard Tapie et le Crédit lyonnais. Mais la CJR a estimé qu’en ne tentant pas de recours en 2008 contre la sentence arbitrale, la ministre avait fait preuve de « négligence » et « rendu inéluctable l’appropriation par les époux Tapie d’une somme de 45 millions d’euros ». Cependant, la CJR a estimé que la « personnalité » de la patronne du Fonds monétaire international, ainsi que le fait qu’elle bataillait à l’époque contre une « crise financière internationale », plaidaient en sa faveur et justifiaient de la dispenser de peine.
Le Quotidien/AFP