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Accord en vue entre Athènes et ses créanciers pour le déblocage d’argent frais


Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schaeuble, en compagnie du ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, du ministre grec des Finances, Euclid Tsakalotos, et du commissaire européen aux affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, lors d'une réunion de l'Eurogroupe, ce 15 juin à Luxembourg. (photo AFP)

Les contours d’un accord semblaient se dessiner jeudi à Luxembourg entre la Grèce et ses créanciers, zone euro et FMI, pour permettre le déblocage d’argent frais, ce qui écarterait le spectre d’une nouvelle crise.

Les Grecs n’obtiendront pas, dans l’immédiat, les mesures d’allègement de leur dette colossale (179% du PIB) qu’ils réclament depuis des mois, mais la zone euro a promis de leur apporter « des précisions » sur ce qui pourrait leur être accordé plus tard.

Suffisant, semble-t-il, pour que le ministre grec des Finances Euclide Tsakalotos affiche son « optimisme » avant une réunion avec ses homologues de la zone euro –l’Eurogroupe– en présence de la directrice générale du FMI Christine Lagarde, qui a débuté en milieu d’après-midi à Luxembourg.

« Je continue à être confiant sur le fait que nous arrivions à un résultat aujourd’hui sur le déboursement d’une nouvelle tranche » d’aide à Athènes, a pour sa part affirmé le très influent ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.

Le temps presse pour la Grèce, qui a besoin d’argent pour rembourser en juillet plus de 7 milliards d’euros de créances.

Or, le troisième plan d’aide au pays de 86 milliards d’euros, signé en juillet 2015, patine depuis des mois, à cause de désaccords entre des membres de la zone euro –essentiellement l’Allemagne– et le FMI.

Berlin exige en effet que le FMI participe financièrement à ce plan d’aide, mais celui-ci ne veut pas le faire sans engagement des Européens à alléger la dette grecque… ce que Berlin refuse d’imaginer avant les législatives de septembre.

Pour parvenir à un compromis, le FMI semble prêt, cette fois-ci, à temporiser par rapport à ses exigences.

Concrètement, il donnerait son « accord de principe » à sa participation au plan d’aide, acceptant de renvoyer à plus tard les discussions sur la dette, afin de satisfaire l’Allemagne. Mais il ne débourserait pas un centime tant qu’un allègement n’aura pas été formellement accordé par les Européens.

« Geste positif »

« On a été, je crois, aussi constructifs qu’on peut l’être en respectant nos principes, parce qu’on engage l’argent de la communauté internationale », a déclaré Christine Lagarde jeudi.

Mais un tel compromis, c’est-à-dire sans aucune discussion sur un allègement de la dette, est jugé inacceptable par la Grèce, qui a menacé ces derniers jours de faire capoter un éventuel accord de ce genre, ce qui plongerait la zone euro dans le doute.

Pour répondre à cette crainte, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a assuré que la réunion du jour permettrait d’apporter « plus de précisions à la Grèce et au FMI » sur les mesures d’allègement de la dette. « J’espère que nous franchirons aujourd’hui une étape majeure », a-t-il déclaré.

Mais « la réunion où nous prendrons des décisions finales sur la taille de l’allègement de la dette n’est pas aujourd’hui », a-t-il cependant prévenu.

« Il est temps que nous sortions de cette gestion au jour le jour de la dette grecque, pour que nous offrions des perspectives à la Grèce de long terme et puis peut-être aussi pour que la zone euro puisse passer à d’autres projets », a déclaré le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire, invitant les parties « autour de la table » à faire « un geste positif dans la bonne direction ».

« On pourrait avoir ce soir un accord global », a affirmé le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

Mercredi, le Premier ministre grec Alexis Tsipras avait rappelé dans une tribune publiée dans Le Monde et Die Welt que la Grèce avait « mené, au cours des deux dernières années, plus de réformes que l’ensemble des pays européens réunis ». « Nous avons fait ce qui nous incombait et (…) nous attendons que nos créanciers en fassent de même (…) Qu’ils respectent mon pays », avait-il ajouté.

En cas d’échec à l’Eurogroupe, la Grèce demandera à ce que la question de la dette soit portée au niveau des chefs d’Etat, en marge du sommet européen qui doit se tenir les 22 et 23 juin à Bruxelles.

Le Quotidien / AFP