Accueil | Actualités | Abballa avait une « liste de cibles » et et appelait à des attaques dans une vidéo sur Facebook

Abballa avait une « liste de cibles » et et appelait à des attaques dans une vidéo sur Facebook


Au début de son Facebook live, le tueur de Magnanville commence par prêter allégeance à Abu Bakr al Bagdadi. (capture Twitter / Facebook)

Le responsable de l’attentat commis lundi en région parisienne avait prêté allégeance au chef de l’organisation Etat islamique (EI) il y a trois semaines et avait en sa possession une « liste de cibles », a annoncé mardi le procureur de Paris François Molins.

Au cours de négociations avec les policiers, « le tueur a indiqué être musulman pratiquant, faire le ramadan et a précisé qu’il avait prêté allégeance trois semaines plus tôt au commandeur des croyants de l’Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi », a expliqué M. Molins à la presse. L’assaillant, Larossi Abballa, connaissait la qualité de policier de la victime et a expliqué avoir répondu à un appel du chef de l’EI « demandant, de tuer des mécréants, chez eux avec leur famille« , a ajouté le procureur.

Une « liste de cibles », mentionnant des personnalités ou des professions, a été retrouvée sur le lieu de la tuerie, a-t-il expliqué. « Un certain nombre d’investigations et de constatations » ont été menées qui ont permis de « saisir à l’intérieur du pavillon une liste de cibles mentionnant des personnalités ou des professions (rappeurs, journalistes, policiers) ou des personnalités publiques », selon le procureur. Ont aussi été saisis « trois téléphones, trois couteaux et en particulier un couteau ensanglanté posé sur la table », a-t-il ajouté.

Lire aussi : La « soif de sang » de Larossi Abballa, tueur des deux policiers à Magnanville

 

Larossi Abballa a envoyé à 20h52 une vidéo de revendication de 12 minutes à une centaine de contacts, avec également deux tweets de revendications sur un compte ouvert début juin. L’enfant des deux victimes a été retrouvé après le double assassinat par les policiers d’élite « dans un état de sidération » et immédiatement hospitalisé, a ajouté M. Molins. Des écoutes visant l’assaillant n’avaient pas permis de déceler un passage à l' »acte violent », a-t-il par ailleurs reconnu.

Des « interceptions téléphoniques et géolocalisations » mises en places « sur plusieurs lignes téléphoniques n’avaient pas permis à ce jour de déceler le moindre élément » sur « la préparation et un passage à l’acte violent ». Le tueur, 25 ans, était « visé par des investigations conduites par un magistrat antiterroriste » depuis 2016 sur une filière jihadiste syrienne. Il avait été déjà condamné le 30 septembre 2013 à une peine 3 ans dont 6 mois sursis, mais libéré après le jugement en raison du temps passé en détention préventive.

Le Quotidien / AFP

« Nous allons faire de l’Euro un cimetière »

Larossi Abballa avait appelé à mener de nouvelles attaques, a rapporté mardi le journaliste spécialiste du jihad, David Thomson qui a visionné l’enregistrement. Le procureur de Paris François Molins a confirmé mardi après-midi qu’il « y avait eu un certain nombre de revendications » de la part de Larossi Abballa: une vidéo de 12 minutes diffusée à 20h52 sur un compte Facebook et « deux tweets » via un compte Twitter ouvert le 8 juin.

Il n’a pas précisé le contenu de ces revendications. « Très calme et souriant », Larossi Abballa « a posté cette vidéo en direct sur Facebook dans laquelle il semble lire un message écrit plus tôt », explique David Thomson, journaliste à RFI et auteur du livre « Les Français jihadistes ». Sur la page de ce compte ouvert sous le pseudo Mohamed Ali, « il commence son enregistrement en prêtant allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi (chef du groupe Etat islamique) puis il s’adresse aux musulmans leur affirmant que le jihad est obligatoire parce qu’il est défensif », poursuit M. Thomson.

Il « dit qu’il faut mener des attaques comme l’a demandé le cheikh Abou Mohammed Al-Adnani », porte-parole de l’EI, dans un message diffusé peu avant le début du ramadan. Dans cet appel diffusé le 21 mai, l’EI appelait à des attaques contre les Etats-Unis et l’Europe pendant le mois du ramadan, qui a débuté le 6 juin. Filmé à l’intérieur de la maison de ses victimes alors que leur enfant s’y trouve encore, « il dit avoir tué un policier et sa femme ». Puis il enjoint « à attaquer des policiers, des journalistes, des personnalités publiques, des gardiens de prison et des rappeurs », poursuit le journaliste, précisant qu' »une dizaine de personnalités publiques » sont citées.

« Nous allons faire de l’Euro un cimetière », menace ensuite Larossi Abballa, quatre jours après le début de la compétition. Puis, « il demande à ses 160 abonnés et plus particulièrement à ses contacts de l’EI de faire le communiqué de revendication de son attaque, ce qui explique la rapide revendication par l’EI via l’agence Amaq », explique David Thomson, qui faisait partie de ses abonnés sans le connaître personnellement.

Toujours sur ce compte Facebook, il a posté des photos de ses victimes, parmi lesquelles une photo du policier en tenue et une autre du corps de cette fonctionnaire du ministère de l’Intérieur. Selon le journaliste, « la vidéo a été vue par 98 personnes avant d’être retirée 11 heures après sa diffusion ».

Le Quotidien / AFP