Dans la capitale, le DP peut respirer : après la lente érosion de son score depuis 1999, il gagne enfin un siège supplémentaire, au nez et à la barbe du CSV qui se voyait déjà vainqueur.
Certains la voyaient déjà hors circuit, fragilisée par les polémiques et la percée du CSV emmené par Serge Wilmes en 2017, mais la bourgmestre de la Ville de Luxembourg est indéboulonnable. Tandis que le DP perdait des plumes aux trois dernières élections communales, passant de 36 à 30%, le score personnel de Lydie Polfer n’a jamais cillé, avoisinant systématiquement les 12 000 voix.
Mais en cette super année électorale, pas question de prendre le moindre risque : le choix de propulser la ministre Corinne Cahen sur la liste locale s’est avéré payant, ajoutant 11 328 voix au résultat collectif. Le trio ainsi formé avec Patrick Goldschmidt (12 410) a visiblement séduit, et permet au DP de retrouver un élan salvateur.
Des mesures qui ont payé
Les mesures prises par la majorité, très critiquées voire jugées populistes sur le gardiennage privé ou l’interdiction de la mendicité à Luxembourg, ont largement convaincu l’électorat, et à quatre mois des élections législatives, ce scrutin local en forme de test de popularité, offre le tremplin idéal au parti leader du gouvernement : plus de 31 % des voix et 10 mandats de conseillers, soit un supplémentaire, sur les 27 à pourvoir.
Plus de 15 000 voix : «Je suis très reconnaissante»
Et une victoire qui compte pour la bourgmestre, qui affiche cette fois 15 212 suffrages : «Je suis très contente et très reconnaissante. L’opposition, c’est son rôle et c’est le jeu démocratique, ne cesse de dénoncer tout ce qui n’a pas été fait, mais si après 27 ans les gens nous font encore confiance, cela me touche profondément», confie Lydie Polfer.
«Notre bilan avec le CSV montre que nous avons bien travaillé ensemble. Attendons les résultats définitifs, mais on ne peut pas dire que l’opposition ait été réconfortée», tâcle-t-elle.
Défaite amère pour le CSV
En face, l’adversaire aux dents longues, Serge Wilmes, qui espérait ravir les clés du Knuedler à sa partenaire de coalition depuis six ans, encaisse une défaite cinglante. Le CSV plafonne à 20% et perd un siège au passage, passant à six conseillers au lieu de sept autour de la table du conseil communal, là où il en visait 9.
Peut-être le parti paye-t-il là une erreur stratégique : celle d’avoir poussé la tête de liste nationale, Luc Frieden, dans les pattes de son étoile montante de la capitale, polluant ainsi la campagne locale avec un discours 100% tourné vers octobre. Un mélange des genres sanctionné dans les urnes, malgré les 11 699 voix du premier échevin sortant contre 9 187 en 2017.
Mauvais signal pour octobre
Lui qui estimait que devenir bourgmestre était «réaliste», à seulement deux sièges du sacre, les urnes lui imposent un grand pas en arrière, tout comme à son parti, qui ne part pas sous les meilleurs auspices pour cet automne.
Les Verts poursuivent avec les cinq sièges qu’ils détiennent depuis 2005, et un score en très légère baisse, mais pas pour François Benoy, qui fait mieux qu’il y a six ans, tout comme sa colistière, Claudie Reyland, plébiscitée par les électeurs.
Les Pirates débarquent
Les socialistes sauvent leurs trois mandats, à la faveur de Gabriel Boisante qui double ses voix par rapport à 2017 : «On est partis avec des nouvelles têtes et on est parvenus à se maintenir, ce qui n’est pas mal, alors que l’on nous donnait perdants», glisse-t-il, se félicitant également du bon résultat de sa colistière, Maxime Miltgen : «Elle fait un très joli score en deuxième position pour une première candidature, ce qui est encourageant.»
L’ADR, sans conseiller à Luxembourg depuis la démission de Roy Reding en 2022 et le ralliement de Marceline Goergen au CSV, retrouve un mandat. Enfin, déi Lénk sort affaibli de ce scrutin, perdant l’un de ses deux sièges acquis en 2017. Les Pirates décrochent quant à eux leur tout premier mandat communal dans la capitale avec Pascal Clement.
Christelle Brucker
Geneviève Montaigu