Christine Majerus (29 ans) a une chance à saisir, ce samedi après-midi, devant une foule conquise.
Lorsqu’elle descendra de son camper, quelques minutes avant de se diriger vers la grille de départ où elle s’élancera en deuxième ligne, Christine Majerus aura passé et repassé le film du parcours dont elle s’est méticuleusement imprégnée, l’autre jour avec une caméra GoPro vissée sur le casque.
Elle se sera sans doute attaquée à son dernier crochet, une manie acquise cet hiver pour tuer le temps et vaincre cette légitime anxiété des longues veillées d’avant-course. Tout est évidemment prêt pour le grand jour et ce n’est pas la cicatrice qui balafre son genou droit, stigmate d’une chute survenue samedi dernier à Zonebeke qui aurait pu, comme souvent, tourner plus mal, qui va l’enquiquiner.
Le défi est majuscule pour la championne nationale qui saison après saison, étend toujours et encore son champ de compétence. Qui sait au fond si avec le cri des supporters qu’elle encourage vivement «à donner de la voix et à devenir fou», elle ne parviendra pas à se sublimer. Elle ne le cache pas, elle a envie d’entendre brailler sur son passage, car, dit-elle si bien, «le cross c’est aussi la folie».
Sur le coup de 15h, les choses s’inverseront. La folie sera aussi le cross, car c’est bien une autre équation qu’il faudra résoudre pour Christine Majerus et ses rivales entre de brusques poussées d’adrénaline. Comment tenir en selle sur ce parcours glissant et physique à souhait ?
« Elle nous met minable… »
«Christine est stressée avant les rendez-vous importants mais cela ne lui cause aucun souci, elle sait s’en servir pour être performante», commente Michel Zangerlé, son entraîneur depuis dix ans.
Les données sont claires. Deux filles sont au-dessus du lot. La revenante et très renversante néerlandaise Marianne Vos, 29 ans, en chasse pour un huitième titre. Vos, la grande favorite à propos de laquelle, Christine Majerus glisse un «elle revient d’un coup en compétition et en quatre courses elle nous met minable…»
La Tchèque Katerina Nash semblerait promise à la deuxième place. Et derrière, c’est grand ouvert. «De trois à douze, tout est possible», confirme Christine Majerus sans minauder. Son neuvième rang mondial et plusieurs performances retentissantes comme sa cinquième place en Coupe du monde à Namur, lui permettent de tenir ce discours d’une franchise à toute épreuve.
Pour la première fois, elle s’est accordé les moyens optimaux de relever le défi. Reste donc le terrain glissant, pas forcément son meilleur allié, pour cet adepte d’un physique à toute épreuve.
Neuvième à Tabor puis à Zolder, Christine Majerus sait faire. Elle semble à un tournant de sa carrière. «Puisque j’aborde ces Mondiaux de la meilleure façon qui soit et que j’aurai tout fait pour bien faire, je n’aurai rien à regretter», tranche-t-elle de manière parfaite. Oui, on aimerait déjà être ce samedi vers 15h40…
Denis Bastien