A la lecture des « Panama Papers », des liens avec le Luxembourg ont été établis par le quotidien Le Monde. Il détaille mardi que la Société Générale, via une filiale au Grand-Duché, fait partie des cinq banques ayant créé le plus grand nombre de sociétés offshore par l’intermédiaire du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca.
« Au total, elle compte à son actif 979 sociétés, derrière la britannique HSBC (2 300 sociétés), les suisses UBS (1 100 sociétés) et Credit Suisse (1 105 sociétés) », selon le journal, qui précise que « deux-tiers de ces entités offshore ont été créées par SG Bank and Trust Luxembourg ». Les autres filiales de la banque concernées sont basées en Suisse et aux Bahamas.
« SG Bank & Trust Luxembourg s’organise pour maintenir le secret »
Le quotidien souligne que, si la création de sociétés offshore a nettement ralenti depuis 2012 et des structures ont été fermées, « une centaine des entités ouvertes par la Société Générale chez Mossack restent actives ». Certaines autres ont en outre été cédées à d’autres gestionnaires et continuent leurs activités.
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Les données étudiées laissent apparaître « la plus grande opacité ». En l’occurrence, les sociétés offshore créées faisaient appel à des prête-noms, c’est-à-dire des gérants fictifs, avec l’ambition de rendre impossible l’identification du vrai propriétaire et l’intention de contourner coûte que coûte les règles.
« En 2009, alors que les îles Vierges s’apprêtent à lever l’anonymat des sociétés offshore, SG Bank & Trust Luxembourg s’organise pour maintenir le secret. Elle commande deux fondations avec prête-noms à Mossack Fonseca (…) puis les enregistre comme actionnaires des 200 sociétés ouvertes pour ses clients aux Caraïbes », détaille le quotidien.
« Des amalgames scandaleux »
Mardi, dans la journée, le groupe bancaire a réagi à ces révélations par le biais d’un communiqué, dénonçant « des données incohérentes générant des amalgames scandaleux ». Arguant, comme il l’avait déjà fait lundi, que « ces données ne reflètent ni l’activité de Société Générale, ni la politique menée depuis plusieurs années en matière de lutte contre la fraude et l’évasion fiscale ».
Par ailleurs, selon le groupe, »les structures auxquelles il est fait référence dans les médias ne sont pas détenues par Société Générale mais par des clients ». Une activité décrite comme « totalement marginale » et « opérée de façon transparente », et qui concerne seulement « quelques dizaines » de structures actives créées par l’intermédiaire du cabinet Mossack Fonseca.
Société Générale se dédouane aussi de toute accointance ou négligence, disant avoir « rappelé à ses clients la nécessité de se conformer aux obligations fiscales de leurs États de résidence » et allant jusqu’à préconiser le « gel voire la fermeture de comptes lorsque la régularité fiscale ne nous est pas apparue avérée ».
Une situation qui n’avait toutefois pas manqué d’amuser l’ex-trader de la banque Jérôme Kerviel, lundi sur Twitter.
Je souhaite une bien belle semaine @SocieteGenerale ainsi qu’à ses conseils. #panamapapers #PanamaLeaks
— Kerviel Jérôme (@kerviel_j) 4 avril 2016