Plus de 1 300 migrants ont été évacués dans le calme vendredi matin du lycée désaffecté Jean-Quarré, le dernier grand campement installé à Paris où ils vivaient depuis l’été dans des conditions insalubres, pour être acheminés vers des centres d’hébergement.
Les policiers étaient entrés vers 6h dans cet ancien lycée hôtelier du nord de la capitale. Quatre heures plus tard, l’évacuation du bâtiment était terminée, et le dernier bus a quitté les lieux vers midi.
« 1 308 personnes sont montées dans les bus » et « un hébergement a été trouvé pour chacune », a assuré la Préfecture de Paris, en précisant que l’opération avait mobilisé 33 cars au total. Selon la préfète, Sophie Brocas, 40 femmes ont été recensées. Ils ont été emmenés vers des centres en Ile-de-France voire en province, dans le cadre d’une « mise à l’abri » organisée par l’Etat, la Ville de Paris et les associations.
A 5h30, ils étaient déjà plus d’une centaine à attendre sur le trottoir à l’extérieur du lycée. « On n’a pas dormi de la nuit, on veut quitter », lançait en français un jeune homme. « Je sais pas où je vais mais c’est toujours mieux qu’ici: on aura une douche, un repas, ici il y avait trop de bagarre », expliquait un Marocain, cramponné à deux valises. Le 26 septembre, la justice avait donné un mois aux occupants pour évacuer les lieux, un austère bâtiment de quatre étages.
Menée sous la surveillance d’un important dispositif de sécurité, l’opération s’est déroulée dans le calme, même si la logistique initialement prévue – information par langues, distribution de petits-déjeuners… – a été chamboulée au vu du nombre de personnes déjà hors du bâtiment, bagages à la main, la nouvelle de l’évacuation ayant circulé dès jeudi soir.
« Prenez votre temps, tout le monde sera logé », lançait en anglais dans un mégaphone Pascal Brice, de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), aux migrants qui se bousculaient, dans l’impasse transformée en goulet, pour être les premiers à monter dans les bus.
A quelques mètres, des militants tenus à distance par la police scandaient les sorties de « Et des papiers pour tous ! » et « Solidarité avec les réfugiés ! ».
Le bâtiment avait été occupé le 31 juillet par les migrants, et sa population d’une centaine de personnes – Soudanais, Afghans, Erythréens… – avait rapidement grossi. Le lycée Jean-Quarré était le dernier gros campement de migrants à Paris, après les évacuations sous le métro La Chapelle début juin et près de la gare d’Austerlitz mi-septembre.
Les pouvoirs publics préparaient activement l’évacuation de ce site devenu ingérable en raison de la surpopulation et de l’insalubrité. « Il y avait des risques d’épidémie », a indiqué un médecin bénévole. « Notre idée était d’attendre la semaine prochaine mais la situation s’est aggravée depuis 15 jours avec des délits graves, une dégradation sanitaire, des violences », a assuré le préfet de police de Paris, Michel Cadot.
Les migrants seront logés durant un mois, le temps de réfléchir à déposer une demande d’asile. « Ils pourront se reposer, faire leurs papiers… Tous seront pris en charge. C’est une urgence humanitaire pour eux », a assuré le préfet de la région d’Ile-de-France et de Paris, Jean-François Carenco.
Mais pour Clarisse, une membre du collectif La Chapelle en lutte, une inconnue demeure sur les sans-papiers. « Ils étaient une quarantaine. Que va-t-il se passer pour eux dans un mois, quand on entrera dans la période de trêve hivernale ? »
A l’issue de l’opération, une trentaine d’Afghans se sont brièvement rassemblés devant le dispositif, expliquant qu’ils n’étaient pas au lycée lors de l’évacuation mais y avaient séjourné les jours précédents, avant d’être repoussés. La mairie prévoit deux à trois mois de travaux avant réouverture du lycée comme Centre d’hébergement d’urgence confié à Emmaüs.
AFP